Les isotopes à la rescousse des problématiques de pollution environnementale

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Par Éliane Brisebois

 

Le déversement de milliards de litres d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent, qui a eu lieu en novembre, a fait couler beaucoup d’encre dans les dernières semaines et a pu éveiller la conscience de nombreux citoyens concernant les enjeux de contamination environnementale.

 

À cette occasion, des scientifiques n’ont pas manqué de rappeler que c’est à longueur d’année que des polluants de toutes sortes sont rejetés dans le fleuve Saint-Laurent. Cette situation nous rappelle l’importance de caractériser les sources de pollution, croit David Widory, professeur au département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM. M. Widory, qui est aussi chercheur au centre interuniversitaire Geotop et membre de l’Institut des sciences de l’environnement de l’UQAM, présentait, lors d’une conférence à la Maison du développement durable le mardi 24 novembre, une approche innovante dans le domaine de la pollution de l’air, de l’eau et des sols dont il est spécialiste.

 

Cette approche, c’est la technique isotopique. Développée dans le domaine de la géologie et de la géochimie, cette méthode permet de déterminer avec précision les sources de pollution et dans quelle proportion chacune de ces sources a un impact sur l’environnement dans une situation donnée.

 

Et comment y arrive-t-on? Grâce aux isotopes des éléments (carbone, azote, etc.) qui font varier le nombre de neutrons et donc la masse des atomes d’un même élément, laissant ainsi une « signature » (par exemple, le carbone 14 est l’un des isotopes du carbone). Cette « une empreinte digitale » des éléments permet aux géochimistes de retracer les sources potentielles ou effectives de contaminants dans l’eau ou dans l’atmosphère, par exemple.

 

David Widory a ainsi présenté plusieurs projets de recherche auxquels il a participé. Par exemple, dans le contexte de cours d’eau pollués aux nitrates, la méthode isotopique lui a permis de distinguer dans quelle mesure les déjections animales (et de quels animaux) utilisées pour l’épandage agricole avaient un impact sur la nitrification de l’eau, mais aussi les rejets des usines d’épuration, les engrais minéraux, les eaux de pluie, etc.

 

David Widory plaide qu’« une meilleure connaissance des sources de polluants » pourrait « aider à mieux adapter les mesures de protection de l’environnement ». L’approche isotopique pourrait être un outil mis à la disposition de la Ville de Montréal pour connaître l’origine des polluants à la station d’épuration des eaux, avance-t-il. Dans ce contexte ou dans un autre, il argue que l’approche dont il est spécialiste pourrait aider les élus et les décideurs à prévenir des problèmes de pollution. « C’est utopiste », convient-il, ajoutant qu’il espère quand même qu’on s’attarde davantage dans le futur à cibler les sources de polluants pour pouvoir en « fermer le robinet ».

 

La conférence de David Widory était présentée dans le cadre d’un partenariat entre l’Institut des sciences de l’environnement, la Maison du développement durable et le Conseil régional de l’environnement de Montréal.

 

Source: GaïaPresse

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