Changements climatiques : le tourisme québécois doit s’adapter

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Par Mizaël Bilodeau

 

Même s’ils n’associent pas tous les impacts des changements climatiques (chaleur plus élevée, pluie en hiver) aux aléas de l’industrie touristique du Québec, les acteurs de ce milieu sont conscients qu’ils vont devoir s’adapter ou voir leurs revenus décliner de façon majeure. C’est ce qu’ont partagé des conférenciers, le mardi 2 février à la Maison du développement durable, au rendez-vous Tourisme : l’adaptation aux changements climatiques est déjà entamée.

Des hivers inattendus : une offre touristique à renouveler

Au lendemain d’une journée où les sculptures de neige ont fondu sur le sol des plaines d’Abraham, Kate Germain de la Chaire de tourisme Transat de l’UQAM a brossé un portrait de la relation étroite qui existe entre le tourisme québécois et les changements climatiques. « Les clients d’ici s’adaptent généralement assez bien aux changements de la météo. Les touristes étrangers, de leur côté, qui réservent des mois à l’avance pour faire de la motoneige sont des plus déçus lorsque les conditions ne sont pas au rendez-vous », explique-t-elle. Selon elle, la clé du succès passe par la diversification des offres touristiques pour pallier aux mauvaises conditions climatiques. « Ça signifie une augmentation de la fréquence, de la durée des précipitations qui tomberont plus souvent sous forme de pluie que de neige et une diminution des vagues de froid », ajoute-t-elle.

Manon René de Cotret du Regroupement ski de fond des Laurentides abonde dans le même sens en soulignant l’engouement du populaire fatbike (vélo à large roue) et la prolifération des sentiers de ski de fond et de raquette au bas des centres de ski alpin du Québec. Pour elle, le problème le plus important demeure les conditions d’enneigement. En  quelques décennies, le nombre de jours favorables pour pratiquer le ski de fond a constamment diminué au Québec. Les conditions d’enneigement ne sont pas au rendez-vous et c’est ce qui préoccupe le plus autant les amateurs que les exploitants des sentiers.

Pour contrer ces difficultés, les centres de ski de fond engagent des sommes supplémentaires dans l’entretien des sentiers afin de s’assurer d’un démarrage hâtif de la saison.

 

Des étés imprévisibles : la gestion des coûts supplémentaires

Dany Beauséjour, propriétaire du golf Le Select de Mirabel, reste ambivalent quant aux avantages que procure un étirement des conditions propices à  pratiquer ce sport. «Cette année, on a fermé le 27 novembre et on prévoit ouvrir la prochaine saison en mars. Les dépenses augmentent, mais les golfeurs ne sont pas toujours au rendez-vous», raconte-t-il. En juin 2014, en moins d’une semaine, son « green » a reçu plus 245mm de pluie. Ses drains n’ont pas réussi écouler toute cette eau avant plusieurs jours. Elle est restée là dans les courbes de la pelouse, empêchant l’accès au site. Au cours de la même année, une microrafale a déraciné plus de 2000 arbres. Cet épisode a entrainé pour le propriétaire des coûts de main-d’œuvre supplémentaire. Bien qu’il reste prudent d’associer ces événements aux changements climatiques, Dany Beauséjour a entrepris de nombreuses initiatives pour réduire son empreinte carbone. Il privilégie les gestes concrets et l’investissement sur le long terme.

D’autre part, Julie Zeitlinger du domaine Au Diable Vert de Sutton, expose que son entreprise a plutôt misé sur une politique de réservation stricte qui n’octroie aucun remboursement si les clients annulent leur séjour 14 jours avant leur engagement. Elle explique « que ça incite la clientèle à prendre l’air dans sa montagne de l’Estrie, et ce, peu importe les conditions météo».

 

Mizaël Bilodeau pour GaïaPresse

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