Nations autochtones et projets pétroliers : leurs droits doivent être respectés

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Par Mizaël Bilodeau

Les consultations d’apparat, l’irrespect des droits territoriaux, l’indifférence face aux  pratiques ancestrales sont quelques-uns des problèmes qu’ont soulevés les représentants de Premières Nations du Québec  lors d’une table ronde, le mardi 23 février dernier, à la Maison du Développement Durable de Montréal.

Les critiques étaient vives à l’endroit des gouvernements et des promoteurs de projets pétroliers. Ils sont accusés de manquer à leur devoir constitutionnel en ne consultant pas  les Premières Nations. « Encore une fois, on apprend les informations dans les médias. On ne prend pas la peine de nous en informer.» a raconté Jean-Charles Piétacho de la nation Innu.  

À titre d’exemple,  la nation Mic-Mac plaide devant les tribunaux qu’elle jamais été consultée pour le projet du port d’exportation de pétrole de Belle-Dune au nord du Nouveau-Brunswick. « 240 wagons de trains par jour traverseront notre territoire sur un rail qui n’a pas été conçu pour supporter un aussi grand achalandage » indique Tanya Barnaby du Secrétariat de la Direction des ressources de la nation Mi’gmawei Mawiom. Les risques de déraillement, de fuites ou même d’explosions inquiètent la communauté. Tanya Barnaby avance que s’il n’y a pas de mesures sécuritaires prises par le gouvernement d’ici le 15 mars, les Mic-Macs comptent faire annuler les permis de l’entreprise.

«Nous sommes contre l’exploitation du pétrole dans le golfe Saint-Laurent. » insiste Jean-Charles Piétacho d'une voix calme et posée. L’homme se rappelle trop bien le déversement de pétrole aux îles Mingans sur la côte nord du Québec. En 1999, le navire Gordon C. Leitch a contaminé des centaines de sites de nidifications de plusieurs espèces d’oiseaux. « Le maire d’Havre Saint-Pierre, à cette époque, appelait ça le développement économique, a-t-il exposé. Le gisement d’Old Harry, à cheval entre les eaux de Terre-Neuve et le Québec, n’est toujours pas en exploration mais il soulève déjà l’opposition des Premières Nations. « J’étais en rencontre avec le Ministère des Ressources Naturelles et on discutait de partenariat. Il est quatre heures de l’après-midi. À onze heures le soir, dans la même journée, un communiqué de presse est sorti sur le dépôt de projets de lois portant sur l’exploration pétrolière dans le golfe du Saint-Laurent. Je suis tombé en bas de ma chaise, a déclaré Jean-Charles Piétacho.

«Ce qui me rendrait très fier, c’est une solidarité entre tous les peuples autochtones du Canada, s’exprime avec émotion Serge Simon de la nation Mohawk de Kanesatake. Il croit qu’avant de joindre les groupes écologistes comme Greenpeace ou Équiterre qui luttent contre les corporations pétrolières, les nations autochtones du Canada doivent s’unir entres elles. « Ça serait un traité signé entre nous, imagine-t-il. L’Office National de l’Énergie est trop contrôlé par l’industrie. Il y a des alternatives au pétrole, il suffirait de les mettre en pratique, dit-il.

L’année 2016 sera celle de vifs débats entre les promoteurs pétroliers et leurs opposants dans un contexte où l’acceptabilité ou le consensus social ne sont guère au rendez-vous. L’Office national de l’énergie (ONÉ) du Canada et le Bureau d’audience publique sur l’environnement (BAPE) du Québec seront le théâtre de consultations suivies attentivement.

 

Mizaël Bilodeau pour GaïaPresse

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