La politique énergétique 2030 : plein gaz et porte ouverte à l’exploitation des hydrocarbures au Québec

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En dévoilant sa politique énergétique jeudi dernier, le gouvernement du Québec a promis un « virage historique » vers une économie « à faible empreinte carbone » d’ici 2030. Cette politique propose des cibles enthousiasmantes que nous appuyons sans réserves : améliorer de 15 % l’efficacité énergétique, réduire de 40 % les produits pétroliers consommés, éliminer le charbon thermique, augmenter de 25 % la part des énergies renouvelables et augmenter de 50 % la production de bioénergie.

Malheureusement, il est impossible de voir une cohérence entre ces cibles et la place centrale que la politique donne au gaz naturel fossile en encourageant son utilisation comme carburant de substitution pour l’industrie et le transport lourd, en s’engageant à étendre le réseau gazier et en soutenant la prolifération des usines de production de gaz naturel liquéfié (GNL), principalement à des fins d’exportation. Pour justifier cette orientation, la politique se fonde sur un indice d’émission de gaz à effet de serre (GES) du gaz naturel de 70, comparativement à 95 pour l’essence et à 100 pour le diesel. Or, ces chiffres ne décrivent qu’une partie de la réalité – celle du CO2  libéré lors de la combustion. Pendant les forages et la distribution, ainsi qu’après l’abandon des puits, le gaz naturel laisse échapper du méthane – un GES qui contribue 86 fois plus que le CO2 au réchauffement planétaire sur 20 ans. De plus, les réserves de gaz conventionnel s’épuisent et sont remplacées par du gaz de schiste, presque aussi polluant que le charbon.

L’orientation 4 de la politique, sur les énergies fossiles, est tout aussi étonnante. En complète opposition avec les cibles énoncées, on y reconnaît le parti pris du gouvernement pour l’exploitation du pétrole et du gaz en sol québécois. Le gouvernement y ouvre aussi la porte au transit du pétrole de l'Ouest sur notre territoire, en s’engageant simplement à favoriser « les modes de transport les plus sécuritaires ».

En somme, si la nouvelle politique promet des avancées appréciables en matière de réduction de la consommation de pétrole et plus timides pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables comme l’éolien et le biométhane, elle reste bien en deçà du virage historique annoncé vers une économie à faible empreinte carbone.

En fait, malgré l’Accord de Paris, cette politique confirme le maintien presque intégral duPlan d’action sur les hydrocarbures lancé il y a deux ans et des orientations pro-hydrocarbures dont les actions gouvernementales témoignent sans relâche depuis : injection de fonds publics dans le secteur pétrolier et gazier; règlement sur l’eau potable favorisant les forages; projet de loi permettant le développement pétrolier du golfe du Saint-Laurent; étude commandée à KPMG pour évaluer les besoins de main-d’œuvre liés au forage de 3 600 puits de gaz de schiste dans les Basses-Terres du Saint-Laurent; omission d’entamer en temps opportun les procédures pour obliger TransCanada à se conformer à la loi québécoise; refus de commander une étude du BAPE sur le passage quotidien de 220 wagons-citernes associé au projet de Chaleur Terminals au Nouveau-Brunswick, etc.

Ce faisant, la politique encourage la multiplication des infrastructures de production, de traitement et de transport de combustibles fossiles dont la durée de vie utile dépasserait de loin 2050, et met ainsi de côté la cible de réduction des émissions de GES de 80 % à 95 % que le Québec s’est donnée pour 2050.

Le Québec peut et doit faire mieux que cela.

 

Source : Regroupement Vigilance Hydrocarbures Québec

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