Protection de l’Arctique: un accord historique entre fournisseurs mondiaux de produits de la mer

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Aujourd’hui, quelques-uns des plus importants fournisseurs de produits de la mer et de compagnies de pêches du monde se sont engagés à ne pas étendre leur prospection de morue dans une vaste zone de l’océan Arctique, précédemment recouverte par la banquise, au nord de l’Europe (1). La zone en question équivaut à environ deux fois la taille de la France. Le groupe comprend McDonald’s, Tesco, Iglo, Young’s Seafood, Icelandic Seachill, Russian Karat Group et Fiskebåt, qui représente la flotte de pêche norvégienne entière ainsi que le plus important transformateur de poisson surgelé de l’Europe, Espersen.

L’accord sans précédent, négocié par Greenpeace, marque la première fois que l’industrie des produits de la mer a volontairement imposé des limites à la pêche industrielle dans l’Arctique. Cet accord signifie que toutes compagnies de pêche qui s’aventurent à étendre leur exploitation dans les eaux intactes de l’Arctique se verront interdire la vente de leur morue aux grandes marques de poissons et fruits de mer et leurs détaillants.

Il n’existe actuellement aucun régime juridique précis en vigueur pour protéger les zones de l’océan Arctique autrefois recouvertes par la banquise. Il revient donc à l’industrie d’honorer leurs engagements et par le fait même d’assurer que leurs produits ne soient pas associés à la destruction de l’Arctique.

« Aujourd’hui, McDonald’s, Espersen, Young’s Seafood, Iglo, Findus, Birds Eye et bien d’autres ont agi ensemble avec toute l’industrie de la pêche norvégienne pour sauvegarder une immense aire marine dans l’Arctique, affirme Frida Bengtsson, responsable de campagne chez Greenpeace. Étant donné l’absence d’une protection juridique importante de ces eaux glaciales au nord de la mer de Barents, ceci représente un pas novateur pour l’industrie des produits de la mer. »

En mars, des enquêtes menées par Greenpeace ont révélé comment la fonte de la banquise a permis à de grands chalutiers de s’aventurer dans des zones océaniques précédemment sous glace, que les scientifiques ont identifiées comme étant « d’importance écologique » (2). Le chalutage est une méthode de pêche controversée qui cause des dommages considérables aux récifs coralliens et aux espèces qui occupent les fonds océaniques. Le rapport expose les risques que prennent les grandes marques alimentaires multinationales et leurs détaillants, qui achètent de la morue en provenance de l’Arctique norvégien, de voir leurs chaînes d’approvisionnement associées à la destruction de l’Arctique.

Cette région, qui comprend l’archipel du Svalbard, également connu comme « les Galapagos arctiques », est l’habitat d’espèces menacées comme l’ours polaire, la baleine boréale et le requin du Groenland. Au moins 70 % de la morue de l’Atlantique qui se trouve sur les plats du monde entier provient de la mer de Barents.

« Cette initiative est un grand pas pour l’industrie, car elle met en relief l’inaction des gouvernements jusqu’à maintenant pour protéger l’Arctique et augmente la pression sur les nations arctiques, le Canada comme la Norvège, pour agir dans ce sens à long terme,  soutient Alex Speers-Roesch, responsable de la campagne Arctique chez Greenpeace Canada. Le gouvernement Trudeau doit agir de manière décisive afin de créer un réseau de réserves marines arctiques, notamment dans le détroit de Lancaster et la baie de Baffin. Cette annonce de la part de l’industrie devrait servir de signe annonciateur de la direction de ce vent de changement. »

À ce jour, les eaux arctiques canadiennes ont bénéficié de très peu de protection officielle. Une aire marine nationale de conservation a été proposée pour le détroit de Lancaster dans l’est de l’Arctique canadien, mais le processus stagne depuis quelque temps. Parmi plusieurs embûches, il manque de consensus entre le fédéral et les Inuits locaux, soit la Qikiqtani Inuit Association qui représente les Inuits de l’île de Baffin, qui réclame une zone de protection élargie par rapport à celle proposée par le gouvernement.

Greenpeace interpelle la Norvège pour protéger cette région marine unique et vulnérable de l’Arctique norvégien et lui demande de reconnaître l’opposition montante à l’exploitation inconsidérée de cet écosystème fragile, non seulement de la part de millions de citoyens, mais aussi du monde des affaires (3).

L’annonce de l’industrie de la pêche survient après que la banquise a atteint un nouveau record pour la plus faible étendue maximum de glace de mer pour une saison hivernale normale. Avec la fonte extrême de la banquise, de vastes régions des eaux arctiques demeurent navigables pendant des périodes prolongées, d’où l’urgence de mettre en place une protection officielle pour ces eaux naguère couvertes de glace.

Cet été, le vaisseau de Greenpeace Arctic Sunrise mettra le cap sur l’Arctique afin de surveiller ces zones désormais interdites aux chalutiers et assurer que toute l’industrie de la pêche respecte ses récents engagements.

« Avec des changements climatiques effrénés qui ne cessent de réchauffer la planète et d’établir de nouveaux records de chaleur consécutifs, l’Arctique se trouve sous les projecteurs du monde. Greenpeace sera au front pour observer la mise en oeuvre de cet accord, alors que la saison de la pêche estivale se met en branle », dit Speers-Roesch.

 

Source : Greenpeace Canada

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