Pesticides tueurs d’abeilles – Des groupes de défense de l’environnement vont en cour

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Des groupes de défense de l’environnement ont décidé d’aller en cour pour plaider la cause des pollinisateurs menacés par une catégorie de pesticides toxiques. Les néonicotinoïdes sont les insecticides les plus utilisés dans le monde. Une fois appliqués, ils se répandent dans le système vasculaire des plantes – des racines aux feuilles et au pollen. On ne peut retirer les néonicotinoïdes d’une plante en la lavant ni en la pelant. Par ailleurs, les néonicotinoïdes pénètrent le sol et l’eau et contaminent l’environnement, exposant ainsi une multitude d’espèces terrestres et aquatiques à leurs effets toxiques.

La Fondation David Suzuki, les Amis de la Terre Canada, Ontario Nature et le Wilderness Committee s’intéressent depuis un moment à la démonstration scientifique du lien entre les pesticides néonicotinoïdes et l’effondrement des populations d’insectes pollinisateurs. Il est temps, affirment ces organismes, que le Canada se rende à l’évidence. Les recherches indiquent que les néonicotinoïdes ont joué un rôle important dans l’effondrement des populations d’abeilles, et que les pesticides s’attaquent aux fonctions métaboliques, immunitaires et reproductives des abeilles, en plus de perturber leur comportement de recherche de nourriture et leur sens de l’orientation. Gwen Barlee, directrice des politiques nationales, Wilderness Committee se questionne « Les populations de pollinisateurs sont en chute libre, et la recherche scientifique affirme que les néonicotinoïdes sont étroitement liés à ce déclin. Alors pourquoi l’ARLA continue-t-elle d’en autoriser l’usage et la vente? Il faut absolument interdire l’usage de ces pesticides tueurs d’abeilles dans le milieu agricole au Canada. » 

Les avocats d’Ecojustice représentant les groupes en question prétendent qu’un certain nombre de pesticides contenant deux molécules actives de néonicotinoïdes (la clothianidine et le thiaméthoxame) sont homologués illicitement au Canada. Pour Beatrice Olivastri, directrice générale des Amis de la Terre Canada, cela n'est pas normal : « dans l’Union européenne, en France et même en Ontario, les décideurs ont déjà commencé à restreindre considérablement l’usage des néonicotinoïdes. Il est grand temps que le Canada saute dans le train et prenne des mesures pour protéger les pollinisateurs. »

Ils allèguent que l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) n’a pas assumé ses responsabilités légales d’organisme de réglementation. Plus précisément, l’Agence a négligé depuis plus d’une décennie de s’assurer qu’elle dispose de l’information scientifique pertinente et nécessaire pour évaluer les risques que posent les pesticides pour l’environnement, et particulièrement à l’endroit des pollinisateurs. Selon la Loi sur les produits antiparasitaires du Canada, l’Agence ne doit homologuer un pesticide que si elle a une « certitude raisonnable » qu’il ne causera pas de tort à l’environnement. Charles Hatt, avocat d'Ecojustice affirme que « l’ARLA a fait celle qui n’a rien vu, rien entendu et s’est contentée d’homologuer et ré-homologuer ces pesticides néonicotinoïdes sans s’intéresser à l’information scientifique sur les risques qu’ils peuvent poser aux pollinisateurs. »

Les avocats soulignent également que nombre de pesticides à base de thiaméthoxame sont homologués depuis des années au Canada sans même qu’une consultation publique – exigée par la Loi – n’ait été tenue sur le sujet.

Les groupes de défense de l’environnement demandent donc à la cour de déclarer invalide l’homologation de ces pesticides à base de clothianidine et thiaméthoxame. Seuls les pesticides validement homologués peuvent être utilisés au Canada.

« La province de Québec a récemment annoncé sa prochaine stratégie sur les pesticides et prévoie réduire l’utilisation des néonicotinoïdes, notamment en agriculture. L’Ontario a également adopté des restrictions très strictes à l’égard de l’utilisation de ces mêmes pesticides en agriculture. Nous espérons que cette poursuite poussera le gouvernement fédéral à agir lui aussi dans ce sens et à répondre ainsi à l’inquiétude des citoyens face à la situation d’extrême précarité des pollinisateurs au Canada », a conclu Jean-Patrick Toussaint, Ph. D., chef des projets à Fondation David Suzuki. 

   

 

Source : Fondation David Suzuki 

Crédit photo :  Maciej A. Czyzewski – Own work, GFDL, Creative Commons 

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