Nuit des sans-abri de Montréal : Un RDV toujours nécessaire

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La 27e édition de la Nuit des sans-abri s’est tenue ce vendredi 21 octobre à Montréal tout comme dans 37 villes à travers la province. La Nuit des sans-abri est un rendez-vous annuel important visant à sensibiliser la population aux réalités et enjeux de l’itinérance mais aussi à interpeller les acteurs politiques afin que les réponses nécessaires soient apportées pour prévenir et réduire le phénomène. Si plusieurs avancées sont notées à Montréal notamment en matière de cohabitation sociale ou de logement, du chemin reste à faire pour éviter la rue à nombre de personnes et en sortir d’autres durablement.

 

Une itinérance en croissance et aux nombreux visages

L’itinérance est un phénomène en croissance à Montréal. La fréquentation des ressources d’hébergement  pour hommes et celles pour femmes a enregistré des records, atteignant l’hiver dernier plus de 80 000 nuitées d’occupation. Au-delà du centre-ville, l’itinérance se vit désormais dans Hochelaga, le Plateau Mont-Royal, le Sud-Ouest, Côte des Neiges, ou encore l’Ouest de l’Ile, et prend diverses formes: personnes à la rue, dans les refuges, mais aussi faisant du couchsurfing, vivant dans des appartements insalubres ou surpeuplés,… Ce phénomène s’inscrit dans les trajectoires de vie d’hommes, de femmes, de jeunes, d’aînéEs, d’Autochtones mais aussi de personnes issues de l’immigration. Il y a urgence à agir, en utilisant pour cela le gain qui a été fait il y a deux ans d’une Politique nationale de lutte à l’itinérance.

 

Une politique en itinérance qui doit vivre

Adoptée en février 2014, la Politique nationale de lutte à l’itinérance est un levier essentiel pour agir dans la bonne direction, à la fois en prévention et réduction de l’itinérance. Elle rappelle en effet que l’itinérance est un déni de droits et qu’il est impératif d’agir sur les divers axes que sont le logement, la cohabitation sociale, le revenu, l’éducation et la santé. La Politique identifie les avenues à privilégier et depuis, un plan d’action intersectoriel en itinérance est venu s’ajouter, intégrant une série d’actions nécessaires à mettre en œuvre sur le terrain.

Un travail en ce sens est mené à Montréal, associant acteurs institutionnels, Ville et milieu communautaire,  pour développer ou renforcer des services répondant aux besoins des personnes. Ainsi une collaboration intéressante a lieu avec la Ville sur des enjeux de réaménagement d’espaces publics comme Viger ou Cabot afin de limiter les impacts sur les personnes itinérantes et des dizaines d’organismes communautaires continuent à développer du logement social malgré certaines embûches.

Pour Pierre Gaudreau, coordonnateur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) : «Une belle mobilisation régionale est à l’œuvre à Montréal, permettant certaines avancées. Cependant les orientations actuelles du gouvernement vont souvent à l’encontre avec des coupes en logement, en éducation, au niveau de la santé ou encore du revenu des personnes. Il est essentiel que le gouvernement change d’approche dans la lutte à l’itinérance.»

 

Pour une stratégie centre-ville inclusive

Cette année, le choix a été fait de mettre en lumière les enjeux reliés au «Pas dans ma cour». On parle ici d’une situation de rejet à laquelle les personnes et organismes se retrouvent parfois confrontés lorsque qu’il s’agit de développer un projet de logement social, de relocaliser des services mais aussi juste de faire valoir son droit d’occuper l’espace public. A Montréal, la stratégie centre-ville en cours d’élaboration semble intégrer des éléments visant à faire une place à tous et à toutes, incluant les personnes marginalisées et les organismes leur venant en aide. Ce projet implique une vigilance particulière à avoir afin de s’assurer que ce soit bien le cas, pour une ville plus inclusive et solidaire, respectant le droit de cité des personnes itinérantes.

Source : CNW Telbec
Crédit photo : George Hodan, Creative Commons
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