L’analyse de cycle de vie comme outil pour modeler les politiques de développement

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«Il est impératif de diminuer l’impact des activités humaines sur l’environnement pour le bénéfice des générations futures et, pourtant, nos sociétés peinent à mettre en œuvre des politiques de développement durable efficaces», constate la professeure du Département de science politique Maya Jegen.

Ce ne sont pourtant pas les moyens administratifs et législatifs qui font défaut. «Depuis un demi-siècle, la plupart des États industrialisés se sont dotés de politiques environnementales, mais cela ne s’est pas traduit, ou si peu, en actions publiques soutenant le développement durable à long terme. Pourquoi?», s’interroge la chercheuse, qui a obtenu près de 150 000 dollars du CRSH afin d’amorcer une étude intitulée «L’État environnemental et l’analyse de cycle de vie».

Dans l’histoire des sociétés, l’État a d’abord des fonctions régaliennes, rappelle Maya Jegen: c’est lui qui assure l’ordre public et la sécurité. Il veille à la défense du territoire et à la mise en œuvre de la diplomatie, il s’occupe des forces policières et du système de justice, il émet la monnaie, prélève l’impôt et est maître des finances publiques.

Maya Jegen © Émilie Tournevache

À la fin du 19e siècle, on a vu apparaître l’État-providence: certains États adoptent alors des mesures sociales bénéficiant à leurs citoyens. Ce modèle ne s’est pas développé de la même manière partout. «Les pays scandinaves, par exemple, ont développé un État-providence social-démocrate où il y a redistribution massive des impôts, tandis que des pays comme l’Allemagne, où la culture caritative héritée du modèle catholique est très forte, sont plutôt conservateurs. Le Canada est un État-providence libéral, qui ne laisse pas les gens dans la misère, mais qui ne relève pas non plus du modèle scandinave. Le Québec s’est concocté un modèle comportant certains éléments du modèle libéral et d’autres du modèle social-démocrate.»
Préoccupations environnementales

On assiste depuis les années 1960 à l’émergence de l’État environnemental, note Maya Jegen, c’est-à-dire à des gouvernements se préoccupant de plus en plus des questions liées au développement durable. «On a réalisé que l’industrialisation créait de la richesse, certes, mais causait aussi la pollution de l’air et de l’eau. Des mobilisations ont mené à la création des premiers ministères de l’environnement et des premières législations en la matière», raconte la professeure, qui est également vice-doyenne à la recherche de la Faculté de science politique et de droit.

Dans le cadre de sa recherche, Maya Jegen tentera de mieux cerner l’action environnementale de l’État par le biais de l’analyse de cycle de vie (ACV), un instrument utilisé par les scientifiques et jugé efficace du point de vue du développement durable. «Le «cycle de vie» est un concept qui englobe les effets environnementaux, économiques et sociaux des produits, des procédés ou des services, de leur création jusqu’à la fin de leur vie utile, explique la chercheuse. L’ACV permet de prendre des décisions économiques en tenant compte des impacts environnementaux et sociaux.»

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Source : Actualités UQAM

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