L’ONU appelle à renoncer à l’agriculture industrielle

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La rapporteure spéciale sur le droit à l’alimentation de l’ONU dresse un réquisitoire des conséquences délétères des pesticides sur la faune, la flore et l’être humain. Elle plaide pour que les transnationales soient comptables de leurs actes et dynamite un mythe: la sécurité alimentaire ne dépend pas de l’usage des pesticides. 

«Etre tributaire de pesticides dangereux est une solution à court terme qui porte atteinte au droit à une alimentation suffisante et au droit à la santé des générations actuelles et des générations futures.» Hilal Elver n’a pas la notoriété d’un Olivier De Schutter ou l’aura d’un Jean Ziegler mais, tout comme ses prédécesseurs au poste de rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, cette juriste turque a la plume acérée. Dans un rapport consacré aux méfaits écologiques, sanitaires et sociaux des pesticides[1], elle dresse un réquisitoire implacable contre ces substances. Certes, elles ont «sans conteste contribué à permettre à la production agricole de faire face à des hausses sans précédent de la demande alimentaire», mais au prix de désastres sur «la santé humaine et l’environnement». Un procès à charge contre les transnationales, dont certaines activités devraient être pouvoir être encadrées et, le cas échéant, sanctionnées.

Toxiques, mais légaux

200.000. C’est le nombre de personnes qui, chaque année, meurent d’intoxication aigüe, dont 99% surviennent dans les pays en développement[2], «où les réglementations dans le domaine de la santé, de la sécurité et de l’environnement sont plus souples et appliquées moins rigoureusement». Les preuves des effets à moyen et long terme des pesticides, sur le vivant en général et l’être humain en particulier, sont plus ardues à apporter, d’autant que «l’ampleur des dommages causés par ces produits chimiques est systématiquement contestée [par l’industrie des pesticides et l’industrie agroalimentaire]». Et d’égrener la liste des pathologies, de mieux en mieux connues, imputables aux pesticides: Parkinson, Alzheimer, troubles hormonaux, troubles de la fertilité, etc. Avec quelles conséquences, en termes de politique publique? Les Etats du monde entier semblent sur la même ligne: celle de l’inaction. «Bien que les graves risques pour la santé que présentent nombre de pesticides soient clairement établis, ceux-ci sont encore utilisés», constate la rapporteure.

Droit à une alimentation sans pesticides

Le droit à une alimentation suffisante, reconnue par la Déclaration universelle des droits de l’homme, s’arrête-t-il là où commence la contamination par les pesticides? Oui, considère le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, «car ce droit englobe le droit à une nourriture exempte de substances nocives». Pour aujourd’hui et pour demain, insistent ces représentants de l’ONU. Or, avec des eaux de ruissellement contaminées, des populations de ravageurs perturbées, des écosystèmes déstabilisés et des sols privés de vie dont les rendements s’effondrent, les générations futures sont lésées. «Les arguments selon lesquels les pesticides seraient indispensables pour préserver le droit à l’alimentation et à la sécurité alimentaire entrent en contradiction avec le droit à la santé, compte tenu des nombreux impacts sanitaires associés à certaines pratiques d’utilisation des pesticides.»

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Source : Journal de l’environnement

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