On achève bien les caribous

0

Caribou des bois

Par Robert Dutrisac pour Le Devoir

Afin de favoriser les intérêts privés d’une entreprise forestière en Abitibi, le gouvernement Couillard a fait fi des avis des scientifiques de l’État préoccupés par la survie d’une harde de caribous forestiers, une espèce vulnérable. La vingtaine de bêtes sauvages seront capturées pour finir leur vie au zoo de Saint-Félicien, dans le patelin et la circonscription du premier ministre.

En campagne électorale, Philippe Couillard nous avait prévenus : « pas une seule job dans la forêt » ne serait sacrifiée pour la protection des caribous forestiers au Québec. Il a tenu parole avec cette décision de laisser la société EACOM (anciennement Produits forestiers Domtar) construire un chemin forestier dans la réserve de biodiversité des Caribous-de-Val-d’Or, créée en 2009. La compagnie veut accéder « économiquement » à un approvisionnement annuel de 200 000 mètres cubes de bois sur un territoire situé à l’est de la réserve faunique.

Dans une lettre au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), EACOM indique en plus que la protection de l’habitat du caribou dans la région de Val-d’Or prive l’industrie d’un volume d’environ 1,2 million de mètres cubes de résineux matures, a rapporté Le Devoir. Les caribous enfin partis, que voilà une ressource exploitable.

Malheureusement pour eux, les caribous forestiers, dont on dénombre au Québec entre 5900 à 8500 têtes, comptent sur les forêts de résineux matures pour assurer leur survie, les mêmes que convoite l’industrie. Le combat est inégal : les caribous ne votent pas, contrairement aux travailleurs forestiers.

Le cabinet du ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette, aussi ministre responsable de la région Abitibi-Témiscamingue, a donné l’assurance que le déménagement de la harde de caribous n’est « aucunement » lié à la construction du chemin forestier. L’expression « mentir comme un arracheur de dents » vient spontanément à l’esprit.

Pour l’ensemble des habitats du caribou forestier, le gouvernement a adopté en 2005 un plan de redressement pour l’espèce. Ce plan impose des règles plus strictes aux exploitants forestiers actifs dans ces habitats. Mais les mesures de protection sont décriées par les milieux économiques. Accommodant, le gouvernement libéral a reporté l’application de ce plan dans son intégralité.

Cela contraste avec le discours que tient Philippe Couillard sur le « saccage » d’Anticosti que commettrait Pétrolia en forant quelques puits sur une île qui s’étend sur 250 kilomètres. Bien réel celui-là, le saccage de l’habitat des caribous en forêt boréale ne soulève pas chez lui la même passion.

Lire la suite

Source : Le Devoir

Partager.

Répondre