Serge Bouchard : «la nature, c’est sacré»

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Par Denis Plante pour GaïaPresse

Dans le cadre du Forum Planèt’ERE 2017, tenu récemment à Montréal et portant sur l’éducation relative à l’environnement dans la Francophonie, Serge Bouchard, anthropologue réputé, auteur et animateur à Radio-Canada, a lancé un vibrant message visant le respect de la nature et l’élévation du débat public sur les questions environnementales. Nous vous livrons ici quelques idées fortes de sa conférence.

La nature, il faut d’abord comprendre pour l’aimer

M. Bouchard constate, comme beaucoup d’autres, le manque de connaissance des enjeux touchant nos espaces naturels et particulièrement la forêt. Il ne faut donc pas être étonné du manque d’intérêt pour nos écosystèmes et le peu d’impact des efforts pour les protéger. L’éducation à l’environnement doit débuter dès l’enfance pour faciliter la compréhension et l’attachement à la nature.

« Mon intérêt actuel se situe d’abord et avant tout à transmettre mes acquis afin qu’on prenne conscience des problématiques actuelles. Et les enfants, il ne faut les rater. C’est, somme toute, un acte de réparation», affirme-t-il.

Dans cette foulée, il retrace son parcours qui l’a mené des secteurs industrialisés et pollués de l’est à Montréal à la découverte de la nature et de ses richesses. « Je l’ai rêvé, je l’ai étudié, j’ai vécu près d’elle. On peut dire qu’il faut l’appréhender pour mieux la saisir. Et pour ça, il faut des conditions favorables comme le forum, ici, aujourd’hui ».

Nature et Culture : la rupture

Dans ce monde contemporain, il semble qu’on vise à se libérer de la nature, de l’eau essentielle à la vie, de l’air que l’on respire, de la forêt qui capte le carbone et des animaux qui nous accompagnent et nous nourrissent. Cette distance confirme que nous avons plongé dans un univers virtuel un peu magique, satisfaisant en apparence chacun de nos besoins.

« La culture, dans ce sens, c’est l’homme qui s’approprie la nature, l’exploite et s’en remet à sa technologie pour se développer », rappelle Serge Bouchard.  Ainsi, on gruge sans limite nos richesses naturelles dans un monde axé sur la consommation. La tragi-comédie de l’île Anticosti, territoire ancestral Innu que l’on veut saccager pour des puits de pétrole, illustre ce paradoxe.

Cependant, nous évoluons dans un écosphère où interagissent les être humains, la matière et l’énergie. «Nous sommes d’abord d’une communauté, d’un territoire qui fixe notre identité ; ce qui nous définit» souligne-t-il. Il faut l’affirmer haut et fort et surtout le dire publiquement en puisant dans cette connaissance qui nous distingue.

Élever le niveau du débat public

Le Forum Planèt’ERE ¸ où se retrouve les pays de la Francophonie se présente comme un lieu de savoir et de mise en commun des pratiques, indispensable à la réflexion critique.

« Il faut s’exprimer constamment, faire valoir l’intérêt commun, s’appuyer sur les faits et la science et construire des alliances, comme avec les Premières Nations, pour contre cette idéologie de la croissance sans fin qui nous prépare des lendemains accablants » conclut-il. Cette rencontre internationale témoigne de la volonté de milliers, de millions de citoyens à vivre dans le respect de la nature et de ses attributs.

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