Revoir notre rapport aux déchets pour augmenter le réemploi et le tri

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AFP / Laurence CHUDéchets plastiques

La notion de déchet est issue d’une construction sociale, expliquent les sociologues de Unknowns. Pour améliorer le réemploi et le tri, il faut revoir les valeurs sociales sous-jacentes au niveau individuel et «outiller» les consommateurs.

Comment améliorer le geste de tri des consommateurs ? C’est à cette question que s’est intéressé Unknowns. Pour y répondre le cabinet de conseil en stratégie a recherché, en s’appuyant sur les sciences sociales, les dynamiques qui influencent les comportements et les représentations des individus dans leur organisation personnelle de la gestion des déchets ménagers. «C’est d’abord le rapport aux déchets qui se joue dans le geste de tri», justifie Henri Jeantet, cofondateur d’Unknowns.

Au-delà des raisons invoquées par les consommateurs pour décrire leur pratique (ou l’absence de pratique) du tri des déchets, les sociologues expliquent que le geste de tri est construit. «Le tri est devenu une obligation sociale», rappelle Marc-Antoine Morier, le sociologue qui a piloté l’étude.

Passer du collectif à l’individuel

Selon l’étude, c’est justement cette construction sociale qui pose problème et freine le déploiement des habitudes de tri chez une partie des consommateurs. «Aujourd’hui, la question du recyclage est une question collective et politique», explique Henri Jeantet. Jusqu’à maintenant, explique-t-il, le message porté par les pouvoirs publics et les acteurs est trop global. Ce message peut être résumé par : «si on s’y met tous, ça marche». «On a fait du tri un objet collectif», regrette Marc-Antoine Morier.

Selon Unknowns, l’enjeu n’est pas la mobilisation collective, mais plutôt la mobilisation de chaque consommateur. Pour y parvenir, estime l’étude, il faut remettre de la proximité et redonner de la valeur au geste individuel. Cela passe notamment par la requalification des déchets mis dans les ordures résiduelles en objets réutilisables ou recyclables. La consigne des bouteilles en verre, aujourd’hui disparue en France, est un bon exemple puisqu’on ne jette généralement pas un objet qui a une valeur affichée et directement récupérable.

Il faut aussi redonner une valeur au geste de tri en lui même. Pour cela, Unknowns suggère de s’inspirer de certains dispositifs de collecte des déchets recyclables en entreprise, telles que les colonnes qui matérialisent et valorisent le geste de tri. Dans le même esprit, il faut «outiller» les personnes, c’est-à-dire faire entrer le tri à la maison en aménageant l’espace dédié aux poubelles. C’est une vraie question pour les vendeurs de mobilier d’intérieur, estime Henri Jeantet.

Enfin, il faut aussi faire évoluer certaines normes d’hygiène. Le rapport au «sale» est fondamental, explique Henri Jeantet en s’appuyant sur un exemple tiré de l’étude. Il s’agit d’une personne qui trie consciencieusement le verre, sauf lorsqu’au cours d’une fête certains convives utilisent les bouteilles vides comme cendrier. Si une bouteille contient un mégot, elle est sale, explique cette personne pour justifier qu’elle ne la trie pas. En revanche une bouteille vide sans mégot n’est pas sale, selon cette même personne.

Revisiter le passage de l’objet au déchet

Ces pistes de réflexion s’appuient sur l’analyse sociologique du passage d’un bien du statut d'»objet» à celui de «déchet» (au sens non recyclable). En réalité, très peu de déchets n’ont aucun usage possible, la plupart pouvant être réemployés ou recyclés.

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Source: Actu-Environnement. Auteur: Philippe Collet

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