Le Canada doit tenir compte des conclusions d’une nouvelle étude mondiale et interdire les néonicotinoïdes nocifs pour les abeilles

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[Ottawa, 26 février 2018]  Une revue de la littérature d’envergure mondiale portant sur plus de 200études révisées par les pairs remet en question la valeur des insecticides néonicotinoïdes (« néonics ») en contexte agricole. Le Canada devrait graduellement éliminer les néonicotinoïdes en faveur d’autres stratégies de lutte contre les ravageurs efficaces, abordables, comparativement moins toxiques, et qui ont toutes été testées et éprouvées. Cette nouvelle synthèse met en lumière des solutions gagnant-gagnant qui protègent les revenus des agriculteurs et l’environnement.

L’utilisation de traitements de semences aux néonicotinoïdes ne garantit aucune hausse du rendement des cultures, car, dans plusieurs cas, les populations de ravageurs demeurent en deçà des seuils pouvant causer des dommages importants. Malgré cela, le recours excessif aux néonicotinoïdes et aux autres insecticides inflige de graves préjudices aux services écologiques qui soutiennent la productivité agricole. Qui plus est, les ravageurs développent une résistance aux néonicotinoïdes, ce qui les rend moins efficaces.

La démonstration évidente des effets nocifs des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs et les autres espèces bénéfiques constitue une raison suffisante d’interdire leur utilisation, comme la France le fera dès septembre. Or, cette nouvelle revue de la littérature offre une preuve supplémentaire que cela peut et doit être fait sans tarder. Le Canada doit reconnaître la nécessité — et l’opportunité — d’implanter un cadre réglementaire plus restrictif pour les pesticides. La mise en place de politiques agricoles novatrices peut favoriser la transition vers l’adoption de stratégies moins toxiques pour lutter contre les ravageurs. Des solutions de rechange existent déjà; il nous faut seulement de la volonté politique.

Pour plus d’information :

Diego Creimer, Fondation David Suzuki, dcreimer@davidsuzuki.org 514 999-6743

Camille agné-Raynault, Équiterre, cgraynauld@equiterre.org514 605-2000

Notes :

  • L’étude a été publiée aujourd’hui dans le journal scientifique Environmental Science and Pollution Research : https://link.springer.com/article/10.1007/s11356-017-1052-5
  • Le document d’information du Groupe de travail sur les pesticides systémiques à l’attention des médias est accessible ici : http://www.tfsp.info/fr/resources/
  • En 2013, la Commission européenne a interdit l’utilisation des néonicotinoïdes (l’imidaclopride, le thiaméthoxame et la clothianidine) sur les cultures attractives pour les abeilles; elle étudie actuellement la possibilité d’étendre ce moratoire à d’autres cultures et à d’autres néonics. La France a adopté une loi visant l’élimination graduelle de tous les néonicotinoïdes dès septembre 2018.
  • L’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) du Canada procède actuellement à l’évaluation des risques associés aux néonicotinoïdes. Le 19 décembre 2017, l’ARLA a publié ses projets de décision à la suite de la réévaluation des risques que laissent planer deux importants néonicotinoïdes sur les insectes pollinisateurs : la clothianidine et le thiaméthoxame. Alors que l’agence propose de cesser ou de restreindre les activités de pulvérisation pour certaines applications, elle propose cependant de maintenir l’utilisation à grande échelle des traitements de semences à la clothianidine et au thiaméthoxame.
  • Dans un document distinct, l’ARLA propose d’éliminer graduellement les utilisations agricoles (incluant les traitements de semences) d’un troisième néonicotinoïde, l’imidaclopride, en raison des risques qu’il comporte pour les insectes aquatiques. Les résultats de l’évaluation des risques pour les insectes aquatiques associés à la clothianidine et au thiaméthoxame seront publiés plus tard cette année.
  • Les Canadiens peuvent soumettre leurs commentaires sur les projets de décision qu’a rendus l’ARLA à la suite des réévaluations axées sur les insectes pollinisateurs. Ils ont jusqu’au 19 mars 2018 pour le faire. La Fondation David Suzuki et Équiterre ont lancé une pétition accessible à : action.davidsuzuki.org/neonics (en anglais) et http://bit.ly/PetitionNeonicsCauzio (en français)

Pour plus d’information sur les néonicotinoïdes et les risques écologiques qu’ils engendrent, veuillez consulter le document d’information préparé par Équiterre à cette adresse.

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