Des poules pondeuses en ville, oui, mais pas n’importe comment !

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Par Marie Allimann

Louise Arbour, fondatrice de Poules en ville* et propriétaire de poules urbaines, observe depuis plusieurs années l’engouement croissant des citadins pour les poules pondeuses au Québec. Son constat est catégorique : l’image bucolique de la poule en ville ne reflète pas toujours la réalité. En cause, le manque d’information sur les besoins des poules urbaines et l’absence d’encadrement des municipalités.

À défaut d’information éclairée, les détenteurs de poules urbaines commettent des erreurs, comme l’achat de poules à des éleveurs clandestins ou l’acquisition d’un poulailler inadapté.  Ces erreurs sont sources de cruauté pour l’animal et de découragement des propriétaires, qui pour certains, finissent par abandonner leurs poules en hiver.  « Avoir des poules urbaines implique des contraintes » souligne Louise Arbour. Parmi la kyrielle de conseils, il s’agit avant tout d’acheter les poules en magasins agricoles, « les seuls qui assurent des poules en bonne santé puisqu’elles proviennent de couvoirs qui ont l’obligation de les vacciner ». L’espace et l’équipement doivent également répondre à des exigences, telles une cour suffisamment grande, un poulailler et une volière de la hauteur d’un cabanon et un terrain clôturé. « Lorsqu’on décide d’avoir des poules urbaines, on s’engage à les garder à l’année longue, d’aller voir un vétérinaire quand elles sont malades et d’avoir un minimum de trois poules puisqu’elles ont besoin de vivre en groupe ».

Problèmes sanitaires liés aux maladies ou abandon des animaux, l’ignorance des B.a.-ba sur les poules urbaines ne sont pas sans conséquences pour les villes. Dans ce contexte, celles-ci sont peu enclines à autoriser ces animaux dans leur municipalité. Pourtant, « l’agriculture urbaine est maintenant imprégnée dans l’esprit des citoyens. Des milliers de personnes possèdent des poules urbaines de manière clandestine au Québec. On ne peut plus reculer et mettre la tête dans le sable. Il faut laisser les citoyens l’expérimenter, mais il faut l’encadrer et de manière urgente ».

Encadrer certes, mais pas n’importe comment. En ce sens, les villes doivent se baser sur « les informations les plus à jour. (…) Certaines villes, qui pensent bien faire, suivent les orientations du MAPAQ (Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec) qui recommande par exemple d’enfermer les poules 24h/24 dans la volière. Ça n’a pas de sens, c’est de la cruauté, [et au final]  les œufs ne sont pas meilleurs qu’en production industrielle ».  De nombreuses villes comme « Terrebonne, Mascouche, Sainte-Anne-des-Plaines, Gatineau ou Québec, ont mis en place une réglementation ou un projet pilote autorisant les poules en villes et les résultats sont très positifs ». Mascouche par exemple interdit les poules en cage, et l’octroi du permis est conditionnel à la preuve de la vaccination des poules à leur achat.

Pour l’heure, malgré une forte demande et un projet pilote à Rosemont-Petite-Patrie, force est de constater qu’aucun encadrement sur les poules urbaines n’existe à Montréal. « J’ose espérer que [d’ici 2019], la ville prendra le dossier en main et fera des recommandations fermes et uniformes pour tous les arrondissements. Des directives doivent en ce sens être détaillées [en tenant compte]  des connaissances sur le bien-être animal ». À défaut, « on risquerait de perdre le contrôle », ce qui mènerait à terme à une interdiction pure et simple des poules en ville.

Louise Arbour donnera une conférence sur la garde des poules urbaines, le 7 juin à Montréal. Elle parlera de prévention, d’encadrement municipal, de biosécurité et de fausses croyances. Pour réserver votre place, il suffit de suivre ce lien ici

* À propos de Poules en ville : Poules en ville a pour mission de faire rayonner tous les aspects de la garde des poules pondeuses en région urbaine notamment à travers l’éducation (ex : des ateliers de formation) et l’appui aux citoyens/municipalités pour une réglementation sécuritaire et responsable.

Au sujet de l’auteure : Marie Allimann est journaliste indépendante, spécialisée dans le développement durable

Crédit Photos : Poules en ville, photo en une: Brianna Santellan sur Unsplash

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