Le tri à la source pour régler la crise du recyclage

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La crise du recyclage nous confirme deux choses : 1) que les centres de tri même bien équipés ne réussissent pas à produire des ballots de matières recyclables de qualité et 2) qu’investir dans leur suréquipement est probablement du gaspillage. Allons plutôt la source du problème. Il apparaît évident que la méthode du bac « fourre-tout » met en péril dès le départ la qualité des matières à recycler. Mais surtout, avec l’échec de ce système de bac, c’est économiquement un cul-de-sac.

Comme dit une des membres de l’équipe d’OPÉRATION VERRE VERT : « C’est quoi l’idée de tout mêler dans le bac pour après, être obligé de tout démêler, à gros prix et avec si peu de résultats ». La solution est simple : revenons à ce que nous avions il y a une quinzaine d’années dans plusieurs régions du Québec, faisons le tri à la source, en commençant par le verre qui contamine les matières recyclables du bac et qui dévalue leur valeur commerciale.

Les impacts du verre dans le bac de recyclage : tout maintenant devient clair!

En 2013, Recyc-Québec avait commandé une étude à un organisme reconnu pour la qualité de ses études industrielles, le CRIQ (Centre d’études industrielles du Québec). On devait évaluer les impacts du verre présent dans le bac de recyclage pour les centres de tri et les industries utilisant les matières recyclables. Leurs conclusions sont claires : le verre contamine le papier, le plastique, le métal non-ferreux, il cause des blessures et des arrêts de travail non planifiés et il contamine les ballots des autres matières recyclables. Certaines entreprises intéressées par le suréquipement des centres de tri prétendent que depuis, il y a eu nette amélioration en la matière. Mais alors pourquoi retrouve-t-on aujourd’hui des montagnes de ballots de papier-carton et de débris de matières recyclables dans tous les centres de tri du Québec?  Y compris dans les 5 centres que le projet VERRE INNOVATION d’ÉEQ a suréquipés à coût de millions de dollars, il y a plus d’un an déjà.

Malgré ces prétendues améliorations, nos compagnies québécoises de recyclage comme Kruger, Cascades, Owens-Illinois n’y trouvent pas la qualité de produits recherchée. Ce n’est pas seulement le refus des Chinois de prendre nos « déchets » mais aussi l’impossibilité d’utiliser localement nos produits recyclables qui prouve l’inefficacité d’investir dans le suréquipement.   Suite à une récente visite d’un de ces centres bien équipés, le président du Syndicat des Métallos chez Owens-Illinois, Éric Dumas, constate que : « Malgré les investissements technologiques, leur produit fini ne répond pas aux critères de qualité pour notre industrie. Pour avoir du bon verre, il faut repenser le système de récupération de nos matières recyclables et trier le verre à la source, soit par consignation, soit par dépôt volontaire ou encore par collecte séparée ».

Pour une véritable économie circulaire

Comme le disait récemment la Ministre de l’Environnement, le principe est simple, il faut s’occuper: « (…) de consommer ici; de récupérer ici; de recycler ici; de revaloriser ici; de créer des emplois ici, et pour ce faire, il faut augmenter la qualité de notre recyclage !!!». Le problème, c’est qu’en refusant toute consignation du verre et du plastique et tout dépôt volontaire du verre non-consigné et en investissant massivement dans le suréquipement douteux des centres de tri, il est évident que c’est la Ministre qui tourne en rond et non l’économie de nos matières recyclables. Comme disait si bien Albert Einstein : « La folie, c’est de toujours faire la même chose et de s’attendre à des résultats différents! » Le bac de récupération « fourre-tout » d’Éco Entreprises Québec est un système qui est loin d’avoir fait ses preuves; il semble voué à l’échec.

Pourtant nos entreprises locales le crient haut et fort : elles sont prêtes à accueillir de bons produits récupérés ici. Elles sont obligées d’importer de l’extérieur du Québec leurs matières premières à grand coût de transport polluants et de douanes onéreuses. La fonderie de verre Owen-Illinois de Montréal est prête à utiliser la totalité du verre du Québec. Mêmes points de vue de la part de Kruger et de Cascades pour les cartons et papiers! Imaginez l’impact économique de la fabrication de produits faits de bonnes matières récupérées intelligemment au Québec pour les Québécois : création de nouvelles entreprises locales, création d’emplois locaux, contrôle des prix et du marché sans être lié aux soubresauts commerciaux mondiaux de l’autre bout de la planète. C’est ça, la vraie économie circulaire. Et le pas à franchir pour y arriver, c’est de revenir au tri à la source de nos matières recyclables, en priorisant le verre et le plastique!

Que se passe-t-il avec nos élus ?

Les entreprises de gestion de matières résiduelles sont intéressées au statu quo pour assurer leurs profits. La campagne massive de propagande qu’elles ont menée depuis 2 ans a caché la réalité de ce fiasco, autant dans la population que chez nos élus. Des alerteurs publics comme nous, simples citoyens, qui ont formé le MOUVEMENT OPÉRATION VERRE VERT ou des organismes environnementaux à faibles revenus comme le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), n’ont pu contrebalancer cette vague de désinformation. Pourtant force est de reconnaître que bien des provinces canadiennes, des États américains et des pays européens ont prouvé l’efficacité du tri à la source. Ici même au Québec, la MRC de Minganie a instauré dès 2012 un système de dépôt volontaire du verre qui leur permet de récupérer plus de 90% de cette matière éternellement recyclable! La MRC du Val St-François vient justement de recevoir le rapport de Recyc-Québec étudiant la pertinence d’implantation d’un réseau de dépôt volontaire du verre sur l’ensemble de son territoire.  Bien des MRCs du Québec se questionnent maintenant sur la pertinence du tri à la source de leurs matières recyclables, actuellement perdues. Comme le pense le porte-parole d’OPÉRATION VERRE VERT, Jean-Claude Thibault : « Il faut que nos journalistes fassent une enquête plus approfondie sur tout ça pour prouver, enfin, que le 1er geste à poser pour sortir de cette crise du recyclage, c’est de changer de stratégie et de trier à la source nos matière recyclables, en commençant par le verre. »

Source : Opération Verre-Vert

Crédit photo : Nordseher sur Pixabay

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