Un festival qui remet en question notre mode de vie

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Le professeur Yves-Marie Abraham, durant sa conférence en après-midi. Photo : Catherine Paquette/GaïaPresse

Le système capitaliste, l’entreprise, mais aussi les notions de propriété, de travail et de croissance illimitée ont été au cœur des discussions du premier Festival montréalais de la décroissance, le 6 octobre.

Organisé par le Collectif décroissance conviviale, le festival a rassemblé près de 350 de personnes au site Le Virage du Campus MIL de l’Université de Montréal, en offrant des conférences, discussions et projections documentaires.

L’idée de la décroissance, par opposition au développement durable, suggère de ralentir notre rythme de vie et de travail, de limiter l’exploitation des ressources naturelles et de plutôt se tourner vers des modes de vie plus démocratiques et respectueux de l’environnement. Il s’agit d’opérer une transition dans plusieurs sphères de la société, qui permettrait de « sortir du capitalisme ».

«Si nous tenons à la liberté, à la vie, il faut abolir l’entreprise», a clamé le professeur du HEC Montréal, Yves-Marie Abraham, lors de sa conférence en début d’après-midi. M. Abraham y a présenté plusieurs voies pour sortir du système actuel, qu’il appelle « l’entreprise-monde ». « Plutôt que de valoriser les entrepreneurs, nous devons valoriser les entreteneurs d’une vie digne sur Terre. Nous sommes dans la création destructrice. Il nous faut rétablir un usage égalitaire et démocratique des choses », a-t-il dit.

Pour ce faire, il propose de se pencher sur la notion des « communs », qui permettent de rejeter la propriété d’état et la propriété privée afin d’instaurer un « entretien collectif et coopératif de nos moyens d’existence », et une « saine appropriation collective des moyens de production ».

Le professeur a reconnu le caractère « utopique » de l’idée de la décroissance, mais a fait valoir que déjà, plusieurs initiatives montréalaises s’en rapprochent, telles que la bibliothèque d’outil La Remise, le Champs des Possibles, le Bâtiment 7 et le People’s potato de l’Université Concordia.

Le philosophe Louis Marion a quant à lui mis en lumière le caractère absurde du travail accompli pour faire fonctionner un système qui, selon lui, est destructeur et qui repose sur l’exploitation infinie des ressources non-renouvelables. « Quand on obtient un emploi, on devrait être consterné, fondamentalement ! », ce qui a déclenché des rires approbateurs de membres du public.

Six autres conférences ont aussi permis de mettre en lumière les dangers des changements climatiques, les problèmes liés à la transition énergétique, ainsi que plusieurs idées pour y faire face.

Parmi les solutions proposées, le monde des «low-techs» (basses technologies) présenté par les universitaires Abrielle Sirois-Cournoyer et Stéphane Chalmeau a bien fait réagir. Le concept des low-tech consiste à utiliser des technologies consommant moins d’énergie, parfois inspirées des techniques d’antan pour se loger, se nourrir et se vêtir, entre autres.

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L’idée de la décroissance est née dans les années 1970 et d’abord rendue populaire en France, a gagné le Québec à la fin des années 2000, trouvant des affinités avec le Réseau québécois pour la simplicité volontaire, entre autres. Depuis, le Mouvement québécois pour une décroissance conviviale a été mis sur pied, et diverses organisations citoyennes ont contribué à l’organisation d’événements, conférences et manifestation, et ce dans plusieurs villes québécoises. Le Comité décroissance conviviale a lui aussi gagné de plus en plus de militants depuis le dernier Forum Social Mondial.

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