Par Catherine Paquette pour GaïaPresse
Les centres de tri de la province auraient la capacité de recycler 100 % du verre collecté, moyennant des investissements de 50 millions de dollars pour moderniser les équipements et sensibiliser la population au tri des matières recyclables, indique un rapport produit par Éco Entreprise Québec (ÉEQ), intitulé « Verre l’innovation ».
Le bilan rendu public le 26 février se veut l’aboutissement de cinq projet-pilotes pour lesquels 12,2 millions de dollars ont été investis par ÉEQ. L’entreprise à but non-lucratif représente les entreprises qui mettent sur le marché québécois des contenants, des emballages et des imprimés, lesquelles sont responsables de financer la collecte sélective dans la province.
Face à la problématique du recyclage du verre, l’entreprise lancé en 2016 des projets-pilotes visant à moderniser cinq centres de tri et à développer les marchés pour différents débouchés pour le verre afin de répondre aux attentes de l’industrie du recyclage.
« C’est une approche concrète et réalisable immédiatement, pour régler une problématique qui dure depuis trop longtemps », souligne Maryse Vermette, présidente-directrice générale de ÉEQ. Selon l’entreprise, la prochaine étape serait de mettre en oeuvre une stratégie de déploiement et un plan d’investissement pour l’industrie.
Les montants nécessaires s’élèveraient à 23 millions pour doter les centres de tri des équipements requis, en plus de 20 millions pour permettre aux conditionneurs d’acquérir les équipements technologiques adaptés. Ensuite, 7 millions sont prévus pour les campagnes de sensibilisation et les mesures de suivis de performance.
La modernisation et le développement des marchés permettraient selon ÉEQ d’augmenter la valeur de revente du verre, en faisant passer son taux de pureté de 70 % à 99 % à la sortie du centre de tri.
Rejeter la consigne du revers de la main
Ces résultats déplaisent grandement au Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets (FCQGED), ainsi qu’à plusieurs organismes environnementaux de la province, qui réclament plutôt la consigne des contenants en verre.
Selon le FCQGED, la formule présentée par Éco Entreprises Québec ne donneraient pas les résultats escompté, puisque le marché n’est pas prêt à recevoir le verre recyclé et ses produits dérivés, tels que les abrasifs, les projets ornementaux ou des produits pour des systèmes de filtration.
« Les résultats ne sont tout simplement pas là. Les centres de tri ont littéralement donné le verre qui sortait de chez eux à certains conditionneurs en échange d’une compensation de 28 $ par tonne versée par EEQ elle-même. Ce marché a été artificiellement créé pour faire croire à une demande du produit », indique le président du FCQGED, Sébastien LeVasseur.
Le directeur du FCQGED, Karel Ménard, a par ailleurs démissionné du comité du projet Verre l’Innovation le mois dernier, se disant insatisfait des solutions présentées.
La député solidaire Ruba Ghazal a également présenté à l’Assemblée nationale une demande de mandat d’initiative pour trouver une solution durable pour le recyclage du verre au Québec. Selon la députée, « le lobby des emballages empêche Québec d’aller de l’avant en exerçant ses pressions derrière des portes closes ».
Modernisation requise
L’organisme à but non-lucratif privé ÉEQ avance toutefois que la mise en place d’un système de consigne ne suffirait pas puisqu’une trop grande quantité de contenants en verre ne pourraient reprendre la route vers des entreprises pour leur réutilisation.
« La question du verre pose des défis particuliers, puisqu’à l’exception notable des bouteilles de bière qui sont consignées et réutilisées dans la production locale, les bouteilles, les pots et les autres contenants de verre ne peuvent être réutilisés que de façon marginale dans leur forme originale », indique ÉEQ par voie de communiqué.
La collecte sélective au Québec s’élève à 120 000 tonnes de verre annuellement.
