LETTRE D'OPINION – Gentilly-2 fermée est le seul avenir rentable pour les Québécois

0
Photo de -AX- -Flickr

La présent «lettre ouverte» aborde trois sujets:

A. Le nucléaire en général est un gouffre financier, ainsi en est-il à G-2.

B. L’avenir réservé aux 736 employés actuels de Gentilly-2: chiffres inédits.

C. En 2012, la réfection proposée de G-2 est une copie conforme de la technologie
vieille de 50 ans: quel progrès !

 

A. Le nucléaire en général est un gouffre financier, ainsi en est-il à G-2

Le nucléaire en général dans le monde incluant le système CANDU-6 de G-2 vit au crochet des subsides publics depuis toujours. Le monde du nucléaire est enveloppé de mystères et de mensonges et le déni pratiqué dans le dossier du futur de G-2 est une illustration des mystères qui caractérisent inutilement le nucléaire civil.

Qui parmi les employés en désarroi aujourd’hui sont capables de démontrer publiquement que G-2 est rentable dans ses opérations ? Depuis trois ans que nous étudions le dossier du futur de G-2, jamais les médias n’ont rapporté une étude de rentabilité positive. Est-ce possible ? Un tel silence des pronucléaires laisse croire leur ignorance sur le sujet et nous permet de penser que le nucléaire civil est non rentable.


Après de nombreuses vérifications de l’industrie du nucléaire dans le monde et au Canada, cette industrie est un gouffre financier constant. Voici deux exemples de chez nous.

a: Après avoir investi près de 20 milliards $ dans la société d’État, Énergie Atomique du Canada Limitée (ÉACL), le Gouvernement Harper a vendu cette société d’État en 2011 à SNC/LAVALIN pour 15 millions $, vente incluant une garantie de 75 millions de contrats. C’est pire qu’une vente de feu !

b: À la dissolution de Hydro One ( Ontario Hydro ) le 31 décembre 1998, cette «belle» compagnie laissait une dette nette de 38 milliards $ dont la moitié était imputable aux coûts astronomiques de construction des vingt réacteurs nucléaires CANDU. D’ailleurs, parmi ces vingt réacteurs, deux sont définitivement fermés à la central de Pickering située près et à l’est de Toronto.

Qu’en est-il des chiffres d’exploitation de G-2 pour les dernières années ? Les opérations régulières de Gentilly-2 sont déficitaires pour les années 2009, 2010 et 2011, pour des sommes respectives de 13 M$, 25 M$ et 36 M$. Qui paient ces déficits? Tous les Québécois.

 

B. Chiffres inédits du sort des 736 emplois à G-2 en 2013 et 2014

En reportant aujourd’hui au 736 employés annoncés par H.-Q. les mêmes proportions par catégorie d’emploi détaillées dans le rapport d’octobre 2004 signé par Alliances Environnement et als, voici la répartition actuelle des emplois:

  • cadres: 48 dont 10 sont d’âge pour la retraite
  • ingénieurs: 149 dont 30 sont d’âge pour la retraite
  • techniciens: 143 dont 29 sont d’âge pour la retraite
  • métiers: 227 dont 46 sont d’âge pour la retraite
  • bureau: 91 dont 19 sont d’âge pour la retraite
  • spécialistes: 77 dont 16 sont d’âge pour la retraite
  • agents de sécurité: données non disponibles.

En faisant le décompte, environ 150 employés de G-2 ont assez d’ancienneté pour un départ normal et honorable à la retraite. Selon les chiffres publiés par H.-Q. une moyenne de 450 employés chaque année seront requis pour procéder à la mise en dormance en 2013 et 2014. En additionnant 150 + 450, on obtient le chiffre de 600 employés sur 736. Il en reste donc 136 «excédentaires» à relocaliser chez H.-Q., la meilleure entreprise du Québec. Il ne faudrait pas appeler cela de la misère.

 

C. En 2012, la réfection proposée de G-2 est une copie conforme de la technologie vieille de 50 ans: quel progrès !

En 2012, laisser tomber une technologie vieille de plus de 50 ans comme la technologie CANDU-6 est un signe de vitalité et de créativité. Faire le contraire serait une insulte à l’intelligence.

Le monde de l’énergie est en totale mutation et l’avancée des énergies renouvelables et de la nécessaire économie d’énergie entrent progressivement dans la praxis des Québécois. Puisque G-2 a produit en 2011 un maigre 1,66% des ventes d’électricité d’H.-Q. et puisque G-2 produit un poison comme les déchets nucléaires qui sont pérennes et non «compostables» pour des milliers d’années, la décision de la fermeture de G-2 est empreinte de sagesse.

 

François A. Lachapelle, retraité d’Hydro-Québec

Partager.

Répondre