Protection des milieux humides, une banque de compensation est-elle souhaitable?

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Par Eugénie Emond


Mots clefs : ROBVQ, Jean-Paul Raîche, milieux humides, Canards Illimités, 2e Rendez-vous sur l’eau, Bernard Fillion

 

Bernard Fillion, directeur de Canards Illimités section Québec. Photo de Eugénie Emond – Tous droits résérvés

Les milieux humides ont été si asséchés et remblayés au Québec qu’il n’en reste plus que 4% à l’état naturel le long du fleuve Saint-Laurent.

Avec un projet de loi substantiel pour leur sauvegarde qui ne verra le jour qu’en 2015, toutes les options et mesures compensatoires possibles sont présentement à l’étude pour tenter de sauver les meubles.

Ces écosystèmes étaient l’un des thèmes centraux du 2e Rendez-vous sur l’eau organisé par le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) et le Réseau des organisations de bassin d'Amérique du Nord (ROBAN) qui se tenait au Lac-Beauport du 27 au 29 mai dernier.

 

Canards Illimités, une institution dans le domaine

Il y a maintenant 75 ans que l’organisme Canards Illimités se bat pour la conservation des milieux humides et en acquièrent toujours un peu plus qu’ils restaurent et transforment en réserve naturelle. Mais pour Bernard Fillion, directeur de la section Québec de l’organisme, l’éducation reste encore à faire. « Le fleuve ne déborde pas, c’est nous qui avons débordé dans le fleuve, il fait juste revenir où il a toujours été», s’exclame-t-il.  C’est que les tourbières, étangs, marais et marécages que sont les milieux humides jouent un rôle crucial, notamment sur la filtration et la purification des eaux de surface. Telle une éponge, ils  réduisent les risques d’inondation, d’érosion, de contamination et de pénurie d’eau qui finissent par nous coûter très cher.

Or la gestion durable des milieux humides passe, selon Canards Illimités, par un meilleur inventaire des méthodes de compensation. Ces méthodes sont d’ailleurs présentement sous la loupe d’un groupe de travail formé d’acteurs du milieu.  Son objectif : l’élaboration d’un dossier à soumettre au ministère afin que la nouvelle législation ne rate pas sa cible. « L’avantage de la loi va être d’apporter des balises communes », affirme Jean-Paul Raîche, membre du groupe et premier vice-président du ROBVQ.

 

Une banque de compensation parmi les solutions

Avec comme objectif aucune perte nette de milieux humides, le groupe de travail se penchera bientôt sur la possibilité de mettre sur pied une banque de compensation, une mesure compensatoire instaurée aux Etats-Unis, mais qui ne fait toujours pas l’unanimité –  les provinces de l’Atlantique y renoncent pour le moment. Dans le cas où  la destruction d’un écosystème s’avère inévitable, un promoteur peut ainsi acheter des crédits qui serviront à améliorer un milieu humide qui a été restauré et mis en réserve dans un même bassin versant.

Bernard Fillion est d’avis que de cumuler une compensation monétaire pour de petites surfaces sacrifiées en milieu périurbain pourrait permettre d’investir dans des sites plus grands, accessibles au public, qui aura alors un intérêt à en prendre soin. « Quand on conserve 0,1 hectares dans un quartier où tout le monde se bat pour l’enlever, ce n’est pas très durable et il y a des jardins d’eau privés plus grands que ça… », plaide-t-il.

En plus d’évaluer les mesures compensatoires, le groupe souligne également l’importance d’identifier et de cartographier les milieux humides d’intérêt pour en assurer leur survie.

Tout cela et bien plus, en espérant que 2015 ne soit pas déjà trop tard.

 

Source: GaïaPresse

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