Par Catherine Paquette
La couleuvre brune vit en ville, fait en moyenne de 22 centimètres de long et son dos est orné de taches noires. Photo : Zoo Ecomuseum
La couleuvre la plus rare du Québec est menacée par les trop nombreux développements urbains dans la région métropolitaine, prévient le Zoo Ecomuseum, qui mène actuellement un projet visant à améliorer les habitats naturels de celle-ci. Le zoo demande une meilleure protection des zones en friches, un milieu naturel nécessaire à la survie de cette espèce.
La couleuvre brune est présente uniquement dans la région montréalaise. Elle a pour habitat naturel les clairières, les prés, les champs en friche et les dépotoirs, où elle trouve facilement refuge. Toutefois, le manque de protection de ces espaces au courant des dernières années a causé une dégradation de son environnement naturel.
Bien qu’elle ne soit pas encore désignée comme espèce en danger (son statut officiel est « susceptible d’être désigné espèce menacée ou vulnérable »), sa situation est de plus en plus problématique, indique le biologiste associé au Zoo Ecomuseum, Pierre-Alexandre Bourgeois.
« Parmi tous les milieux naturels, les friches sont les milieux qui sont le plus souvent visés par le développement urbain pour être transformés », déplore-t-il. En effet, le cadre légal québécois n’encadre pas les zones en friches, qui sont pourtant appréciées par plusieurs espèces comme les insectes pollinisateurs, le monarque, le goglu des prés, et plusieurs autres.
Le Zoo Ecomuseum sollicite régulièrement plusieurs paliers de gouvernements afin de mieux protéger des centaines espèces qui évoluent dans ces milieux, fait savoir M. Bourgeois. « On entend souvent qu’au niveau de la Communauté métropolitaine de Montréal, ils ont de très bonnes intentions de protéger la biodiversité. Toutefois, la plupart du temps ce sont les boisés, les cours d’eau et les milieux humides qu’ils protègent, et très rarement les friches. Nous croyons qu’il serait important de désigner les friches comme milieux naturels. Parce qu’en ne les protégeant pas, on vient d’oublier tout un pan de la biodiversité », explique le biologiste.
Réaménager ses habitats naturels
En attendant que des améliorations soient apportées au cadre légal, l’organisme mène des projets visant à améliorer les espaces propices à la biodiversité sur l’Île de Montréal, dont les zones où vit la couleuvre brune.
Le Zoo Ecomuseum a récemment procédé au réaménagement de certaines aires du Bois-de-l’Île-Bizard, du Bois-de-Liesse et de la Pointe-aux-Prairies, où des populations de couleuvre brune sont connues et établies. Ce projet a permis la construction de 39 abris faits d’amas de pierres de taille variable ainsi que deux sites d’hibernation.
« L’idée, c’était d’aménager des structures pour la couleuvre brune pour optimiser ses habitats et lui permettre de bien mener son cycle de vie, explique le biologiste. Les reptiles sont ectothermes, ce qui veut dire qu’ils doivent trouver le moyen de contrôler la température de leur corps. La couleuvre peut donc utiliser la pierre qui est réchauffée par le soleil pour augmenter sa propre température corporelle. Elle va aussi trouver plusieurs de ses proies entre les pierres. »
Le projet du zoo, financé par la Fondation Hydro-Québec pour l’environnement, visait aussi la création d’outils éducatifs expliquant pourquoi cette espèce est susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable sur le territoire québécois.
Un dépliant a été distribués dans des endroits névralgiques de la ville et à l’installation d’un panneau d’interprétation dans chacun des trois parcs.
Le biologiste Pierre-Alexandre Bourgeois suggère d’ailleurs aux propriétaires de terrains situés près des habitats naturels de la couleuvre brune de ne pas procéder à la tonte des herbes trop régulièrement, afin de préserver l’habitat naturel de la couleuvre brune.
