Répit bienvenu

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Par Anny Schneider
Auteure et herboriste


 

Comme nous sommes loin de ces temps anciens, 
Quand l’hiver signifiait : retour des ténèbres, famine, frimas, souffrance et trépas,
Pour les singes nus si fragiles que nous sommes, que nous avons toujours étés,
Surtout les moins avisés, qui, d’année en année, omettant de se préparer,
Mourraient alors nombreux, ne se souvenant pas de ces dangers.

Comme les écureuils et les fourmis, nous avons fait provision,
De bois, de noix, de graines, de plantes et  de racines,
Surtout à la campagne, nourris des fruits de la terre et du labeur de l’été,
On sait qu’on dégustera ce qu’on a semé, biné et récolté,
Dans les provisions comme dans les relations…

Pourtant, maintenant, toujours vulnérables et dépendants,
Bien plus qu’avant, car que ferions-nous sans l’Hydro, le marché ou le Métro du coin?
Il est paralysant, le froid prolongé, et terrible pour les vieillards et les handicapés…
Qu’importe! Noël viendra pour tous, et comme toujours, nous ferons bombance,
Quitte à pleurer sur les dettes et les miettes à picorer, à patienter jusqu’en mai…

Il restera toujours bien assez de fèves, d’huile et de gruau (bio!) à partager,
Pour se garder le ventre au chaud et l’enveloppe bien capitonnée,
Et quelques plantes piquantes : ail, Cayenne, gingembre et raifort réconfortants,
Petits fruits de la belle saison, tisanes de  feuilles nourrissantes pour le sang,
Bouillis ou bonnes soupes, mijotés lentement, dans l’âtre ou le « crackpot ».

Au pire, après les agapes des fêtes, nous ferons Carême
Et connaîtrons d’autres joies, par le renoncement et la méditation.
Paraît-il, plus bénéfiques le ventre vide, dans le dépouillement désertique blanc,
Plus facile, l’élévation, dans l’horizon cristallin et l’air tranchant bleu acier,
Entre la pureté du ciel aseptisé et les reliefs coussinés du sol enneigé…

Cette année achève, avec derrière ses élections et ses obstinations,
La bourse et les marchés en déroute, les aveux et les doutes,
Leurs plans et projections déjà caduques et leurs promesses évaporées,
Il restera toujours, espérons-le, ces immuables joyaux :
Les perles de l’amitié et la solidarité, et de la nature, la générosité.

Même au cœur de l’hiver, la beauté est au rendez-vous et l’espoir persiste,
Bourgeons et racines font déjà leurs pousses, appelés par la lumière mordorée.
Chouette alors, c’est l’hiver! Le soir venu, on se pelotonne sous les duvets,
On aligne mentalement : projections, plans, scénarios et serments,
Et on rêve d’ amour et de jardins, ceux d’hier et ceux de demain!




Par Anny Schneider
Auteure et herboriste
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