Les jeunes et les changements climatiques – Consensus autour de l’Article 6 de la Convention-cadre

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Par Audrey Yank
Membre de la délégation de la Jeunesse canadienne à Cancun



Mots-clés : Climat, Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, Article 6, Earth Child Institute, enfants, Cancun.

Une étape importante a été franchie avec l’adoption par consensus de l’Article 6 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La mise en pratique de cet article portant sur l’éducation, la formation et la sensibilisation de la population annonce des répercussions positives pour les enfants du monde entier.

Le vendredi 3 décembre dernier, la salle des négociations était remplie de jeunes et de représentants d’organismes non-gouvernementaux venus souligner l’importance d’adopter l’Article 6.  Le président de l’Assemblée a même mentionné à quelques reprises cette forte présence inhabituelle. La pression a  été suffisante pour que les négociateurs sentent le besoin de s’entendre et d’en arriver à un consensus.

 

Un processus ralenti par les États-Unis

Par contre, la partie n’était pas gagnée à l’avance. La session qui devait durer 90 minutes s’est vue rallongée d’une vingtaine de minutes, assez longtemps pour qu’une série d’autres négociateurs attendant à la porte deviennent impatients d’entreprendre les négociations suivantes.

Au départ, les États-Unis montraient peu d’ouverture envers les interventions. Des mésententes liées aux détails de financement des activités de sensibilisation et de formations ralentissaient le rythme des négociations. Pour amener les négociateurs à poursuivre la démarche, la République Dominicaine a exprimé d’un ton ferme le besoin d’en venir à un accord. Cette intervention a été solidement accueillie de la part des observateurs. Après la crainte de voir la fin des négociations reportée, les pays ont finalement trouvé consensus sur le nouveau texte de l’Article 6.

 

Place aux enfants

Grâce à ce progrès, les enfants sont maintenant inclus dans la Convention-cadre des Nations Unis sur les changements climatiques. En effet, madame Donna Goodman, active au sein de l’Earth Child Institute, a partagé son enthousiasme de maintenant voir le mot « enfant » inscrit dans le libellé de la Convention.  Mme Goodman affirme que les enfants héritent déjà des impacts des changements climatiques. Grâce à l’Article 6, les États doivent dorénavant reconnaître l’importance du droit de la jeunesse de bénéficier à l’avenir d’un environnement sain.  En effet, les jeunes ont le droit d’avoir accès aux mêmes ressources naturelles et à la qualité de l’environnement dont leurs prédécesseurs ont bénéficié auparavant. La crise grandissante du climat risque de voir ce droit des jeunes bafoué. La mise en application de l’Article 6 permettra de développer des programmes d’éducation sur les changements climatiques par des organismes intergouvernementaux tels que l’Unicef, la FAO ou l’UNESCO.  L’Article 6 ouvre également les portes pour des campagnes de sensibilisation sur les changements climatiques auprès de la jeunesse, mais aussi auprès des générations plus âgées afin de les sensibiliser sur l’importance de respecter les droits de la jeunesse en matière de changements climatiques. Mme Goodman met l’emphase sur le fait que l’Article 6 reconnaît maintenant l’importance de l’éducation à tous les niveaux et de l’action intergénérationnelle pour lutter contre les changements climatiques.

 

Les jeunes fatigués d’attendre

Une jeune Haïtienne âgée de 14 ans accompagnait Mme Goodman après la fin des négociations. « Ce n’est pas qu’une question concernant notre futur, c’est que nous pouvons aussi faire partie de la solution. Nous avons l’espoir, l’imagination, l’énergie, mais il ne nous manquait que d’un peu plus de support des leaders politiques », affirme-t-elle en faisant référence à l’Article 6. Elle présentait d’ailleurs le projet Eco-Haïti dont elle fait partie et qui a été initié par des jeunes Haïtiens. Il s’agit du développement par des jeunes d’infrastructures plus écologiques, qui répondent davantage à des critères de développement durable.

Malgré la bonne nouvelle de l’Article 6, cette jeune Haïtienne semble pourtant avoir une crainte. Les négociations de la CCNUCC ont débuté avant même qu’elle vienne au monde. « Les négociations pour éviter le pire des changements climatiques durent depuis toujours. Nous, les jeunes, nous sommes fatigués de les voir parler alors que cela devrait déjà être réglé. Les pays disent qu’ils vont le faire, alors ils n’ont qu’à le faire maintenant. »

Grâce à l’Article 6, davantage d’initiatives seront également implantées pour préparer les jeunes à la venue des changements climatiques. L’éducation et la formation sont la base d’une prise en charge. Avec les atouts en main, les  jeunes seront en mesure d’être davantage inclus dans le développement des solutions.  Le partage de connaissances, la collaboration intergénérationnelle et l’éducation par les pairs sont des objectifs de l’implantation de l’Article 6.

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Par Audrey Yank
Membre de la délégation de la Jeunesse canadienne à Cancun

Née à Gatineau, Audrey est impliquée dans les causes environnementales depuis son jeune âge. Cette jeune fille qui adore les activités plein air termine actuellement sa quatrième année d'études en génie des bioressources à l'Université McGill à Montréal. Audrey a été témoin pour la première fois de l'impact des changements climatiques sur les populations locales des pays du Sud lors d'un stage de développement international au Niger. L'an dernier, Audrey a également eu la chance de réaliser un projet de recherche lié aux sources d'énergie alternatives au Bénin. Elle a développé grâce à ses diverses implications scolaires et communautaires un réel désir de faire une différence. Cette année, Audrey fait partie de la Délégation de la jeunesse canadienne qui participe à la CDP16 afin de représenter la voix et les opinions de la jeunesse canadienne lors de ces négociations internationales sur le climat.


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