Les Biens et services environnementaux, un nouvel outil prometteur Nature Québec publie une étude sur l’agriculture et le climat -Les Biens et services environnementaux, un nouvel outil prometteur

0

Nature Québec rend publique aujourd’hui une importante étude sur le rôle de l’agriculture dans la lutte et l’adaptation aux changements climatiques. L’étude Biens et services environnementaux en agriculture pour la lutte et l’adaptation aux changements climatiques analyse le potentiel de ce secteur d’activité à atténuer les changements climatiques et à s’adapter à leurs impacts.
 
Dans le cadre de cette étude, les biens et services environnementaux (BSE) réfèrent aux services (ou bienfaits) que l’agriculture rend à l’environnement et, par conséquent, à la société. « Aujourd’hui, on trouve naturel que l’État subventionne la production de maïs ou de porc, demain on trouvera essentiel de soutenir la production de biens et services environnementaux pour le climat, pour l’eau, pour la biodiversité… bref, pour nous tous », déclare Christian Simard, directeur général de Nature Québec.
 
Les BSE ciblés par l’étude permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur agricole et permettent aussi à ce secteur de s’adapter aux changements climatiques. « Dans le domaine du climat, il est très intéressant de constater qu’en ciblant les bonnes pratiques, on peut faire d’une pierre deux coups ! En effet, certaines pratiques peuvent fournir à la fois des BSE permettant la lutte aux changements climatiques, ainsi que l’adaptation aux conséquences négatives de ces changements », mentionne Christine Gingras, agronome de Nature Québec. « On peut améliorer le bilan des émissions de gaz à effet de serre des entreprises agricoles, et aussi diminuer les effets des changements climatiques, qui seront en bonne partie inévitables, en augmentant notre capacité à y résister ». Parmi ces pratiques agricoles, notons l’introduction d’engrais vert, la rotation de cultures, ainsi que l’implantation de haies brise-vent, de cultures d’arbres et de prairies permanentes. La conservation de milieux naturels et de milieux humides à la ferme fournit également de nombreux biens et services environnementaux qu’il est important de comptabiliser et de valoriser.
 
Les programmes actuels de soutien à l’agriculture ne favorisent pas de l’adoption de ces pratiques. « Malheureusement, au Québec, les programmes de financement agricole n’incitent pas suffisamment à l’adoption de ces pratiques produisant des BSE. Si l’on veut que les agriculteurs adoptent certaines pratiques agricoles bénéfiques, on doit mettre en place une rétribution à la production de BSE qui, par exemple, compenserait la baisse de revenu due à la perte de superficie exploitable et inciterait les agriculteurs à aller au-delà des règlements et normes. », rajoute Christine Gingras.
 
Certaines pratiques agricoles qui fournissent des BSE, dont la rotation des cultures et l’implantation de haies brise-vent, pourraient facilement être conditionnelles au financement de l’agriculture. « Le Québec est l’État qui soutient le plus son agriculture en Amérique du Nord, il est primordial que ce soutien financier assure de façon absolue le respect des normes environnementales en vigueur et  l’adoption de bonnes pratiques agroenvironnementales exemplaires », explique Christian Simard, directeur général de Nature Québec.
 
Le marché du carbone pourrait également constituer une forme de rétribution intéressante pour les agriculteurs qui adoptent des pratiques permettant de réduire les GES, à condition que le prix du carbone soit suffisant pour assurer un revenu minimum. Ainsi, les agriculteurs seraient plus enclins à implanter des pratiques agroforestières et à conserver les milieux humides, les écosystèmes forestiers et les milieux aquatiques et riverains, plutôt que de les remplacer par des cultures commerciales.
 
Bien d’autres outils économiques peuvent permettre de financer l’adoption des pratiques agricoles qui fournissent des BSE, notamment les outils coercitifs respectant le principe pollueur-payeur. Toutefois, l’essor des BSE reste dans les mains du gouvernement, et aussi de la société qui doit exiger des politiques reconnaissant la valeur réelle des BSE.
 
« Il reste encore bien des pas à faire dans le domaine des BSE au Québec, nous n’en sommes qu’aux balbutiements dans l’application de ce concept. Pour nous, la future politique agricole serait la meilleure plate-forme du gouvernement pour développer des projets concrets, établir des sites de démonstration et mettre en place des programmes pour faciliter la production de biens et services environnementaux sur les fermes du Québec », conclut Christine Gingras.
 
L’étude a été réalisée par Emmanuelle Hetsch, ingénieure agronome finissante de l’École nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires (ENSAIA), supervisée par madame Christine Gingras, agronome de Nature Québec. Elle a également été produite grâce à des consultations avec plusieurs experts du secteur agricole québécois et experts des BSE au Québec.

Partager.

Répondre