Samedi dernier à Montréal, on a eu une autre preuve de l’efficacité de la mobilisation citoyenne via les réseaux sociaux biens alimentés : en moins de trois semaines d’avis, autour de 10 000 personnes se sont présentées pour protester contre les projets de forage du sol de la vallée laurentienne : un succès inespéré!
Quel beau rassemblement de masse ce fut ! Des milliers de gens étonnamment joyeux, détendus et souriants ont marché, crié, chanté et écouté ensemble dans une ambiance bon enfant des discours d'information et des témoignages relatifs aux dangers, enjeux et méfaits de l’exploitation du gaz de schiste.
Sous le thème de ce slogan : « On ne se laissera pas forer », « Nous ne sommes pas maso-schistes », « Votre eau, avec ou sans gaz? » et autres trouvailles acidulées fleurissaient sur les panneaux des participants, issus de quatre générations et des dizaines de politiciens dont aucun n’a eu la parole, rassemblement citoyen non partisan oblige et c’est tant mieux!
Bravos particuliers aux dizaines de marcheurs qui ont effectué un périple de 700 km le long des zones « forables »!
Aux allocutions finales, la prise de parole la plus frappante fut celle de Mme Odette Larin, simple citoyenne, mère et grand-mère de Saint-Louis attestant de ces horreurs : bruit des foreuses, gros camions, lumière vive et nuages de poussière incessants, près de sa maison devenue un enfer au quotidien.
Un scientifique reconnu puis les porte-paroles de Greenpeace et de Maîtres chez nous, et même Soeur Champagne (pas de lien avec Dominic Champagne, le vaillant organisateur de ce succès), une religieuse à la tête d’un regroupement important, tous ont exprimé haut et fort leur désapprobation quant à ces méthodes d’extraction abusives et polluantes.
Réalisons-nous que nous vivons au pays de l’or bleu, du vent et du soleil? Énergies douces et économiques encore trop peu utilisées ici et nos surplus de l’Hydro, vendus à rabais aux USA?
Pourquoi moi, la fée des bois de Shefford, suis-je allée perdre un beau samedi sur le bitume de la grande ville? Même si je ne suis pas une scientifique, avec tous les documents produits sur le sujet, les précédents aux États-Unis et même les exposés des gazières et spécialistes aux commissions du BAPE où j'ai même déposé un mémoire, j’ai compris que le forage du schiste n’allait profiter qu’à une minorité et générer d’énormes dégâts collatéraux dans une nature déjà fragilisée. Je le constate, jour après jour, en scrutant les plantes.
Bémol révélateur dans cette expédition : j'y suis allée en covoiturage et nous avons stationné la voiture au métro Longueuil et, comme des centaines de Montérégiens verts, nous sommes restés coincés une heure dans le métro car il n’y avait qu’une seule préposée au guichet!
Il est temps que les autorités, comme les services publiques, réalisent que les citoyens sont prêts pour des changements de comportement, sur une planète où non seulement on n’a pas respecté les accords de Kyoto mais où, depuis l'entente, les CFC ont augmenté de 5%!
Bref, ceux qui aiment vraiment la vie, la nature et leur progéniture sont conscients de tout ça et se manifesteront plus clairement, de plus en plus souvent, et nombreux, heureusement!
Anny Schneider, Shefford
