Plan Nord : une table ronde aux différentes perspectives

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Par Annie Guérard  


Mots-clés: Plan Nord, gouvernance, gestion du risque, développement durable

 

Plusieurs des intervenants présents lors d’une table ronde sur les impacts économiques, sociaux et environnementaux du Plan Nord réclament une plus grande transparence du gouvernement ainsi qu’un débat de société à large échelle et en bonne et due forme, ce que refuse systématiquement le Parti libéral du Québec. C'est notamment ce que revendiquent Amir Khadir de Québec Solidaire et la péquiste Martine Ouellet.

 

Le rôle de l’État et la gestion du risque

Du côté des représentants de l’industrie, on ne croit pas que l’État en fait trop pour les sociétés minières. En effet, le rôle de l’État est de créer des conditions favorables pour pallier l’éloignement ainsi qu’à la valeur des gisements qui est parfois moins élevée qu’à l’étranger. Pour ce qui est de nationaliser les ressources, ces derniers croient que les risques liés à la volatilité du marché sont trop importants pour les contribuables.

Quant à Martine Ouellet, porte-parole du Parti Québécois en matière de mines et de gaz de schiste, le Plan Nord est « un plan économique d’affaire où l’on veut faire payer aux citoyens des infrastructures […] pour les minières, pour la plupart des multinationales étrangères, qui viennent chercher des minerais quasi gratuitement sans transformation ». Selon Ugo Lapointe, porte-parole de la coalition Pour que le Québec ait Meilleure mine, puisqu’il s’agit ici de ressources non renouvelables, on doit compenser pour les générations futures en créant un fond souverain à l’aide de meilleures redevances en appliquant un taux sur la valeur brute de la ressource.

 

Amir Khadir, représentant masculin de Québec solidaire, Martine Ouellet, porte-parole de l'opposition officielle en matière de mines et de gaz de schiste et Alain Paquet, ministres délégué aux Finances pour le Parti libéral du Québec lors de la table ronde sur le Plan Nord du 30 janvier dernier au HEC Montréal. Photo de Annie Guérard – Tous droits réservés. 

Le rythme du développement

Malgré le fait que le ministre délégué aux Finances, monsieur Alain Paquet, clame que le Plan Nord ne précipite pas les choses, plusieurs des acteurs présents, comme monsieur Robert Laplante, directeur général de l’Institut de recherche en économie contemporaine,ne mettent pas de côté l’option de freiner le développement minier. Selon lui, il est faux de croire qu’il faut absolument faire le développement rapidement dans la mesure où la demande en minerai ne va pas cesser de sitôt. « Puisque la ressource est convoitée, on trouvera certainement d’autres preneurs qui nous aideront à créer des emplois de façon plus durable dans le domaine de la transformation », explique-t-il.

C’est justement la vitesse du développement qui ne fait pas l’unanimité auprès des acteurs qui étaient présents. Amir Khadir, représentant masculin de Québec solidaire, réclame quant à lui un plan de développement lent tout comme le directeur général de Nature-Québec, Monsieur Christian Simard, qui aimerait prendre les choses « une bouchée à la fois ».

 

Et le développement durable dans tout ça?

Plusieurs intervenants ont déploré que le Plan Nord ait une vision censée être globale qui se traduit par des exploitations minières d’envergure auxquelles se rattachent de petits projets environnementaux et sociaux qui sont néanmoins secondaires. L’aspect social qui est présenté comme étant à la base de ce projet soulève plusieurs interrogations. Selon les dires d’Éric Cardinal, expert des questions autochtones et président deCardinal Communication, les premières nations qui participent au Plan Nord ont des ententes avec le gouvernement du Québec et celles qui n’en ont pas n’y participe pas. « Pour d’autres premières nations c’est encore pire, on ne les a même pas invitées », ajoute-t-il. En outre, plusieurs autres intervenants déplorent le modèle du « fly-in/ fly-out » qui sera probablement instauré pour la main d’œuvre, ce qui diminuera les effets bénéfiques du développement sur les communautés locales.

 

Source: GaïaPresse

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