Mine d'amiante Jeffrey : Le projet de Balcorp serait dans un cul-de-sac financier

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Le groupe d'investisseurs qui veut relancer la mine d'amiante Jeffrey éprouverait des difficultés à obtenir le soutien d'institutions financières, malgré une garantie de prêt consentie par le gouvernement du Québec, a appris Québec solidaire. Amir Khadir, député solidaire de Mercier, craint que le gouvernement n'envisage maintenant un soutien plus direct à la relance.

Selon des renseignements transmis au bureau de M. Khadir, Balcorp, n'arriverait pas à convaincre les institutions financières de lui accorder le prêt nécessaire à son projet. Balcorp aurait notamment essuyé un refus du Mouvement Desjardins.

« Ces renseignements, de source crédible, expliquent probablement pourquoi l'entente entre Balcorp et le gouvernement n'est toujours pas concrétisée presque deux an après l'annonce du projet, analyse l'élu solidaire. Déjà, le gouvernement a reporté l'échéance accordée au groupe à plusieurs reprises au groupe et rien n'aboutit. Clairement, quelque chose cloche avec ce projet. Il ne tient pas la route. »

M. Khadir estime que le ministre du Développement économique, Clément Gignac, doit se rendre à l'évidence et retirer la garantie de prêt. « Si l'argument moral n'a pas réussi à le convaincre, peut-être sera-t-il plus sensible à l'argument financier », souligne le député.

 

Le projet controversé de Balcorp

Balcorp souhaite relancer la mine d'amiante Jeffrey à Asbestos dans le but d'exporter sa production vers des pays en développement. Le gouvernement du Québec appuie le projet et a promis une garantie de prêt de 58 millions $. Balcorp doit investir 25 millions $ pour obtenir la garantie.

Le projet est hautement controversé en raison des effets cancérigènes de l'amiante chrysotile. L'exposition aux fibres d'amiante cause le mésothéliome, un cancer qui attaque les poumons. Les victimes de ce cancer survivent en moyenne de 8 à 15 mois après le diagnostic.

Le Dr. Khadir et de nombreux intervenants du milieu de la santé estiment qu'en appuyant le projet de Balcorp, le gouvernement cautionne l'exportation vers des pays pauvres de l'épidémie de maladies reliées à l'amiante que le Québec a connu dans le passé.

 

Un mensonge qui se veut rassurant

Pour répondre aux critiques, le gouvernement a demandé à Balcorp d'assurer que ses acheteurs indiens utilisent l'amiante de façon sécuritaire. Le ministre Gignac évoque le scénario d'une inspection annuelle des usines indiennes.

« Cette idée que le gouvernement québécois puisse assurer l'utilisation sécuritaire de l'amiante en Inde est risible! lance M. Khadir. Ça fait bientôt 10 ans que le Québec a adopté sa "Politique d'utilisation accrue et sécuritaire de l'amiante ". D'importantes mesures de santé publique qui y sont prévues ne sont toujours pas implantées. Notre gouvernement cache encore les informations sur la présence d'amiante dans les édifices publics. Alors, faire croire que l'on va protéger à distance 1,3 milliards d'Indiens est trompeur. »

Le député solidaire enjoint le gouvernement québécois d'investir pour assurer la diversification de l'économie d'Asbestos pour sortir les travailleurs et la communauté de la dépendance à l'industrie de l'amiante.

Chronologie du projet

  • Août 2010 – Balcorp manifeste son intérêt à reprendre la mine Jeffrey.
  • Février 2011 – Le gouvernement met une condition à une éventuelle garantie de prêt : une inspection des usines indiennes afin de s'assurer que ses acheteurs indiens se servent bien de l'amiante de façon sécuritaire.
  • 13 avril 2011 – Le gouvernement s'engage à garantir un prêt de 58 millions $ à Balcorp si cette dernière trouve 25 millions à investir dans le projet. Balcorp a jusqu'au 1er juillet pour compléter son montage financier.
  • 1er juillet 2011 – Balcorp n'a toujours pas réuni le 25 M$. Le gouvernement repousse la date limite au 15 août.
  • 15 août 2011 – Balcorp n'a toujours pas réuni le 25 M$. Le gouvernement repousse de nouveau la date limite, cette fois jusqu'au 1er octobre.
  • 1er octobre 2011 – Balcorp prétends avoir réuni 25M$ à l'aide de partenaires étrangers dans trois pays et présente son montage financier au gouvernement, sans que l'entente finale ne soit signée. Le gouvernement affirme vouloir procéder aux vérifications d'usage.
  • 1er mars 2011 – Encore aucun accord n'est finalisé.
     

Source: Gouvernement du Québec

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