Les vieilles forêts boréales souffrent de l’accroissement des températures

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Des données écologiques et les simulations d’un modèle montrent une forte influence négative du réchauffement climatique récent sur les forêts boréales nord-américaines.

Le réchauffement climatique prévu par les scénarios de changement climatique a conduit de nombreux scientifiques à prédirent une augmentation de la croissance des forêts aux latitudes septentrionales. Mais une nouvelle étude dans le numéro de juillet de Biogeosciences montre que, en dépit de la saison de croissance plus longue, les forêts de l'Amérique du Nord ont récemment subi les effets néfastes du réchauffement climatique récent. Étonnamment, l'étude a révélé que les traits démographiques (par exemple l'âge et la taille) et les traits des espèces (par exemple la capacité des plantes à utiliser l'eau) ont influé sur l'orientation et le niveau des changements de la croissance des forêts.

Martin Girardin de Ressources naturelles Canada et ses collègues ont examiné les tendances de la croissance de la forêt boréale vierge à l’est de l'Amérique du Nord de 1950 à 2005 en utilisant une nouvelle collection de plus de 256 000 mesures de la largeur des cernes de croissance des peuplements de différents âges et sous différentes contraintes environnementales. Ils ont comparé leurs résultats à des simulations numériques tirées d’un modèle de croissance spécifique à l'espèce afin de fournir une compréhension mécaniste des processus impliqués. Les tendances de la croissance observées de la forêt étaient compatibles avec les simulations : l’âge et la taille modulent les contraintes qu’exercent les températures et l'humidité sur la capacité des plantes à séquestrer le dioxyde de carbone.

M. Girardin et ses collègues ont constaté que les forêts matures, avec des âges compris entre 70 et 140 ans environ, sont des répondants le plus souvent positifs au réchauffement climatique dans des forêts boréales vierges. Cependant, cette réponse s’inverse avec le vieillissement ultérieur de la forêt. Les forêts vierges anciennes d'épinettes noires, dont certaines ont plus de 300 ans, sont particulièrement touchées par le réchauffement climatique. Bien que le changement de température ait ouvert la voie à l'amélioration des conditions de croissance, dans les vieilles forêts les bénéfices ont été annulés par une diminution de l'humidité du sol disponible nécessaire pour la croissance des plantes et par une respiration plus élevée sous les hautes températures.

« L’importance des caractéristiques démographiques comme l'âge et la taille sur la croissance des forêts est bien connu chez les écologistes et gestionnaires de la forêt », dit- il. « Une baisse de la capacité des forêts à séquestrer le dioxyde de carbone atmosphérique associée au vieillissement a notamment été attribuée à la diminution des disponibilités en éléments nutritifs et à l’augmentation de la respiration des plantes et de la mortalité. Moins reconnu est le rôle des traits démographiques dans l'évolution de la sensibilité d'une forêt au climat. »

M. Girardin pense que cette recherche a des implications pour notre compréhension des changements spatiaux et temporels dans les puits de carbone terrestres sous les changements climatiques futurs, et également pour le développement de mesures d’atténuation aux changements climatiques et de stratégies d'adaptation. Selon lui, ces réponses dépendantes de la démographie soulignent la nécessité de considérer les attributs démographiques comme l'âge et la taille dans les prédictions de croissance forestières sous les effets des changements climatiques futurs.

 

Source: CEF

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