Osons l’économie responsable en Afrique

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Par Thierry Téné
Co-fondateur et Directeur de l’Institut Afrique RSE


Mots-clés : Afrique, changements climatiques, économie verte, responsabilité sociale, implication des parties prenantes

 

L’Afrique est un continent des paradoxes. L’un des plus marquants est la rareté dans l’abondance. Ainsi, malgré son réservoir de matières premières, l’Afrique reste encore un importateur de produits finis ou semi-finis à forte valeur ajoutée. On peut aussi citer les conflits d’usage pour l’utilisation des terres entre l’agriculture, l’urbanisation, les industries extractives.

Face au changement climatique, à la dégradation des écosystèmes et à la raréfaction des ressources naturelles, pour sortir de la rareté dans l’abondance et anticiper les conflits d’usage, le développement industriel du continent passe par des notions nouvelles comme l’éco-innovation, l’économie verte, l’éco-conception, l’écologie industrielle et l’économie circulaire. Par ailleurs, de l’agriculture, à l’éco-tourisme en passant par la gestion durable des forêts, l’efficacité énergétique, l’éco-construction, la valorisation des déchets et aux énergies renouvelables, les nombreuses opportunités de green business en Afrique sont des gisements pour la création des emplois verts décents.  

Cette question de l’emploi est d’autant plus importante que l’insertion professionnelle des jeunes est l’un des principaux défis auxquels l’Afrique aura à faire face dans les décennies à venir. La création de la richesse doit donc s’accompagner d’un partage équitable avec toutes les parties prenantes pour éviter les chocs comme le printemps arabe. Les entreprises et les organisations sont contraintes d’intégrer une Responsabilité Sociétale ambitieuse pour anticiper le désormais célèbre « DEGAGE » initié par les Tunisiens.

Mais, sur un continent où l’économie est dominée par l’informel et le rapport de force est très déséquilibré entre les parties prenantes, la Responsabilité Sociétale des Organisations doit être analysée à la lumière des « lunettes » africaines. C’est la raison pour laquelle nous croyons profondément à la co-construction par l’Afrique et pour l’Afrique d’une Responsabilité Sociétale adaptée au contexte africain.

Pour réussir cette ambition, l’implication des différentes parties prenantes est indispensable. On attend des autorités qu’elles mettent en place des politiques publiques dans le domaine de la RSE avec au minimum une obligation pour les entreprises de publier un rapport extra-financier. Les entreprises « responsables » sont appelées à respecter au minimum la législation environnementale, sociale et économique avant de passer à la RSE stratégique. Le partenariat public privé peut servir de dénominateur commun et de lieu de convergence entre les Gouvernements et les entreprises. Les Universités et grandes écoles ne doivent pas seulement proposer des formations RSE mais celles-ci doivent être adaptées au contexte africain et s’articuler autour des questions centrales. Syndicats, ONG et associations communautaires doivent renforcer leurs capacités sur la RSE et définir leurs rôles pour la création de valeur dans les conditions durables et en assurer un partage équitable.

Le lancement de Kilimandjaro, réseau africain des responsables RSE et développement durable, permettra de fédérer les énergies et d’étudier les cas pour proposer un modèle de RSE adapté au contexte africain. L’économie responsable, c’est en Afrique que ça se passe. Alors, OSONS.

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