Climat : un retrait fracassant du G77 et de la Chine

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Par Catherine Gauthier


 

Mots-clés : Varsovie, COP19, climat, Pologne, Chine, G77, solidarité, changements climatiques

 

Plénière de négociations

Mercredi, aux alentours de 3h30 du matin, le groupe du G77 et de la Chine – 133 pays au total – ont quitté les négociations sur les pertes et les dommages alors que les pays développés durcissaient leur position. La nouvelle s’est rapidement propagée sur Twitter par Yeb Sano, chef de la délégation philippine et par Juan Hoffmeister, négociateur pour la Bolivie. 


Dans un rare élan de solidarité contre les nations les plus nanties, le G77 et la Chine ont envoyé un message clair : les pays pauvres ne se laisseront pas faire. Cette sortie en bloc survient d’ailleurs une journée après que le groupe ait menacé de boycotter les négociations, faute de progrès sur la question des pertes et des dommages.


Les États-Unis, l’Australie et le Canada pointés du doigt

Les États-Unis, l’Australie et le Canada sont les plus virulents contestataires de la mise en place d’un mécanisme sur les pertes et les dommages.

Dans un document secret interne, préparé par le secrétaire d’État américain John Kerry, les États-Unis s’opposent à la mise en place d’un processus distinct sur les pertes et les dommages. Au pire, cette négociation pourrait aboutir à un nouveau mécanisme sous le volet de l’adaptation. Le document interne précise qu’un nouveau mécanisme ne devrait surtout pas devenir un système indépendant où les pays avec les plus importantes émissions historiques de gaz à effet de serre devraient payer une compensation aux plus pauvres.

Du côté canadien, la ministre de l’Environnement, Leona Agglukaq a déclaré à sa première conférence sur le climat que le « Canada jouait un rôle de leader [traduction libre] ». Pourtant, « le gouvernement fédéral freine activement les progrès en jouant un rôle d’obstruction dans les domaines essentiels à un nouvel accord sur le climat en 2015 [traduction libre] », a affirmé Christian Holz, directeur exécutif du Réseau action climat Canada. « Les domaines les plus importants sont le financement, les pertes et les dommages et l’atténuation, et le gouvernement fédéral ne fait rien dans les trois [traduction libre] », a-t-il dénoncé.

Gazoullis publiés par Yeb Sano, chef de la délégation philippine et Juan Hoffmeister, négociateur pour la Bolivie


Fuir toute responsabilité

Ainsi, alors que les pays les moins avancés et en développement considèrent qu’une compensation est inévitable, car l’adaptation est insuffisante, les pays développés fuient toute forme de responsabilité qui pourrait leur incomber.

Quant à l’Union européenne, même si elle ne s’est pas montrée aussi agressive que les États-Unis, l’Australie et le Canada, elle n’a pas fait preuve de leadership pour qu’un tel mécanisme sur les pertes et les dommages voit le jour à Varsovie.


Un seuil critique

Même si plusieurs négociations se déroulent parallèlement, sur les enjeux financiers par exemple, la sortie d’un tel groupe à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques menace l’ensemble des négociations.

« Tout se règle ensemble, ou rien ne bouge [traduction libre] », a résumé un délégué du G77.

Quitter les négociations en bloc est un évènement rare dans l’histoire de la Convention et qui survient seulement en l’absence totale de confiance entre les pays réunis à la conférence. Cet évènement pourrait d’ailleurs marquer un point de rupture important et dont les effets pourraient se faire sentir jusqu’à la clôture des négociations.

 

Source: GaïaPresse

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