Le CREE appelle les décideurs régionaux à la prudence en matière de valorisation des matières organiques

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Photo de Kessner Photography – Flickr

Suite à la publication de la Note recherche de l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) intitulée « Du flou dans les calculs, de l’eau dans le gaz », le Conseil régional de l’environnement de l’Estrie (CREE) souhaite amener certaines précisions sur ces résultats au regard de la situation de l’Estrie. Rappelons qu’un projet de biométhanisation est présentement à l’étude par VALORIS à Bury. Cette Note de recherche fait une analyse des conditions économiques des dix projets municipaux déposés au programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage (PTMOBC). Celle-ci conclut que : 

« Dans un contexte où le prix du gaz est susceptible de rester bas pour une assez longue période et en situation de surplus d’électricité, la voie de la valorisation énergétique des matières organiques putrescibles n’apparaît guère porteuse. » 

L’étude fait état également du manque d’information disponible pour analyser les enjeux de société et le rapport conclut que : 

« Le déficit d’information se double d’un déficit démocratique justifiant un temps d’arrêt pour que les contribuables puissent non seulement voir clair, mais encore et surtout, savoir combien il leur en coûtera, et si [sic]les solutions retenues sont les meilleures et les moins chères pour réduire les gaz à effet de serre. » 

Cependant, bien que cette étude ait été réalisée avec beaucoup de rigueur et présente des faits très pertinents, il n’en demeure pas moins qu’elle aborde uniquement l’aspect économique des projets. En effet, les analyses environnementales, du type bilan de carbone ou analyse du cycle de vie (ACV), ainsi que le bilan énergétique des projets de biométhanisation ou de compostage ne sont nullement évoqués dans le choix d’une solution alternative à l’enfouissement des matières putrescibles. 

Le CREE est d’avis que l’analyse d’une solution alternative à l’enfouissement des matières putrescibles doit nécessairement tenir compte de l’aspect économique, mais doit faire également l’objet d’une analyse environnementale telle qu’une « ACV comparative » des solutions envisageables. Par ailleurs, le CREE est aussi d’avis que les projets de gestion des matières résiduelles putrescibles, par compostage ou par biométhanisation, doivent étudier les solutions de disposition des coproduits (compost, biogaz, et disgestat) dans le cadre de l’analyse initiale du projet afin de convenir de la ou des solutions à privilégier préalablement à l’implantation des projets. 

Le CREE a déjà annoncé cette position par le biais du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) dans le mémoire déposé en septembre 2013 à la commission sur les enjeux énergétiques du Québec. Cette position est énoncée à la page 33 du mémoire du RNCREQ : 

« Sauvons le programme de traitement des matières organiques par biométhanisation et compostage! Le Québec a mis en place un important programme, doté d’une enveloppe de 650 M$, visant la valorisation des matières organiques. Il s’inscrit dans un contexte où le Québec souhaite interdire l’élimination des matières organiques putrescibles d’ici 2020. Le RNCREQ est inquiet de la tournure que prend ce dossier. Entre autres, il semble y avoir des lacunes au niveau du développement des marchés pour la valorisation des sous-produits issus des procédés de traitement proposés (compost, digestats, biogaz) ». 

À la lumière de la Note de recherche de l’IREC, le CREE recommande aux décideurs politiques régionaux qui ont un projet à l’étude dans le cadre du PTMOBC la plus grande prudence pour le choix d’une solution alternative à l’enfouissement des matières résiduelles putrescibles. Cela, afin que la solution finale soit économiquement viable et se fasse dans le respect de la protection de l’environnement. Surtout, le CREE leur recommande la plus grande transparence avec leurs citoyens afin de répondre aux conditions d’acceptabilité sociale. 

 

Source: CRE Estrie

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