Déclin des abeilles: Le CRECQ demande au gouvernement fédéral d’agir rapidement

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Photo de Thomasz Sienicki – Wikipedia commons

Le Canada autorise encore l’utilisation de pesticides  reconnus scientifiquement comme étant une cause importante de la disparition des abeilles au pays.  Considérant les répercussions dramatiques du déclin des abeilles sur l’environnement, le CRECQ souhaite  que le gouvernement fédéral agisse rapidement.

L’abeille est un agent de pollinisation vital non seulement pour l’industrie du miel, mais aussi pour toute la chaîne alimentaire. Sans elle, nous serions privés de bon nombre d’aliments actuellement disponibles, les producteurs subiraient des contrecoups fâcheux et la sécurité alimentaire serait compromise.

Une étude récente[1] a  démontré que le quart des abeilles étudiées étaient mortes à cause des semences enrobées d’un pesticide appelé « néonicotinoïde ».  Dans la région de Saint-Hyacinthe, en période de semis, il a été retrouvé trois fois plus d'abeilles mortes à proximité des champs où des semences enrobées sont utilisées.   Et près de 25 % d’entre elles contenaient une dose mortelle de néonicotinoïdes.   Les néonicotinoïdes sont employés dans l’enrobage de semences de maïs et de certaines semences de soya.   C’est un insecticide systémique, ce qui veut dire que le composé se répand dans toute la plante, son pollen et le nectar.   Pratiquement tout le maïs et plus de la moitié des graines de soya employés au Québec sont enrobés d'une sorte de néonicotinoïde.

Au Canada, l'homologation des pesticides est une compétence fédérale.   Après avoir reçu de nombreux avis de mortalité d'abeilles en provenance du Québec et de l'Ontario depuis deux ans, l'Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire de Santé Canada (ARLA) conclut «que les pratiques agricoles actuelles ayant trait à l'utilisation de semences de maïs et de soja traitées aux néonicotinoïdes ne sont pas viables».  Divers changements de pratiques sont envisagés, mais il ne semble pas être dans les intentions d'Ottawa d'interdire le recours à ces semences.

Impuissant, le gouvernement du Québec  n’a pu que demander à Ottawa d'«accélérer la révision» de l'homologation de ces pesticides et a invité le milieu agricole à utiliser de façon raisonnée les semences traitées aux néonicotinoïdes.  Il a  annoncé qu'une aide financière spéciale sera offerte aux agriculteurs  pour soutenir les changements de pratiques.

« Il est intéressant de savoir que l'Union européenne va pour sa part beaucoup plus loin avec l'imposition d'un moratoire de deux ans sur leur utilisation dans certaines cultures »  affirme Gilles Brochu, président du CRECQ.  Ainsi, le CRECQ tient à féliciter le Gouvernement provincial de ces initiatives, mais estime que les nouvelles pertes massives d’abeilles survenues ce printemps au Québec relancent la nécessité de mesures plus draconiennes.  « Malgré le sentiment d’urgence, l’ARLA dit que son examen ne sera pas terminé avant 2018 ! » poursuit M. Brochu. 

Le CRECQ estime  l’échéance beaucoup trop éloignée pour une étude d’une telle importance et il demande à la ministre de la Santé du Canada d’accélérer le processus afin que des gestes concrets soient posés rapidement.



[1]
Olivier Samson-Robert, candidat à la maîtrise à l’Université Laval, mai 2013.

 

Source: CRECQ

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