Saint-Jérôme s’oppose au rétablissement d’une mini-centrale désuète

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Par Marina Tymofieva


Crédit photo: Fondation Rivières

Pour la première fois au Québec, une municipalité demande la cessation définitive des activités d’une mini centrale hydroélectrique afin de pouvoir redonner accès à la rivière et à ses berges aux citoyens. La ville de Saint-Jérôme souhaite faire annuler le contrat d’achat d’électricité liant le promoteur de Mini Centrales de l’Est inc.  à Hydro-Québec afin de développer le potentiel récréotouristique de sa rivière.

Cela fait quatre ans déjà que la centrale hydroélectrique privée de 1,5 MW (de quoi fournir en électricité une centaine de maisons à peine) opérée par Mini Centrales de l’Est inc. sur la rivière du Nord se trouve dans un état d’abandon total, ne lui permettant plus de fonctionner. Pire, elle cause des impacts environnementaux et entraine des risques d’inondations majeurs dans la municipalité de Saint-Jérôme.

Cependant, le propriétaire de la centrale a déclaré vouloir prolonger pour 20 années supplémentaires son contrat avec Hydro-Québec qui arrive à terme en 2017.  Techniquement, la centrale est donc toujours sous contrat avec Hydro-Québec, mais ne produit plus d’électricité depuis des années. 
De son côté, Hydro-Québec a assuré que l'analyse du dossier est en cours, et a rappelé par la même occasion que pour un renouvellement de ce type de contrat, il faut que le promoteur remplisse des conditions particulières. Il doit notamment fournir une preuve d'obtention de droits hydrauliques auprès du ministère des Ressources naturelles, ainsi qu'une attestation d'un ingénieur certifiant la conformité des installation de la centrale. Conditions qui sont, à priori non remplissables dans le cas présent.

Selon Pierre Leclerc, agent de recherche et de communication à Fondation Rivières, « C’est une technologie complètement désuète qui représente un risque majeur à cause notamment d’une fluctuation du niveau de l’eau induite par la centrale, même inactive. C’est un cancer, littéralement. On risque des inondations d’habitations et des impacts graves sur l’environnement».

Si ce nouveau contrat d’une durée de 20 ans est conclut, ce sera un désastre pour la municipalité qui met actuellement en place un plan d’aménagement des rives de la rivière du Nord dans le centre-ville de Saint-Jérôme afin de faciliter son accès aux citoyens.

La Ville a donc entrepris, avec l’aide de la Fondation Rivières, une demande de résiliation du contrat d’achat d’électricité par Hydro-Québec et du bail de location des forces hydrauliques, émis par le gouvernement lors de l’adoption du premier contrat, mais non obligatoire pour le renouvèlement de ce dernier…

Les preuves récoltées en faveur de la fermeture définitive de Mini Centrales de l’Est ne manquent pas. Une analyse de la Fondation Rivières a mis la lumière plusieurs infractions par le propriétaire de la centrale, qui permettraient à Hydro-Québec non seulement de ne pas prolonger son contrat, mais également de résilier le contrat en cours. 

Crédit photo: Fondation Rivières

En effet, une clause du contrat d’achat d’électricité permet à Hydro-Québec de le résilier en cas de manquements. Après analyse, la Fondation Rivières en compte trois, soit la mauvaise gestion de l’eau, un défaut de livraison d’électricité et une incapacité de production depuis près de quatre ans, alors que la période permise par le contrat serait de 18 mois consécutifs.

« Pour la première fois, une municipalité a fait un geste courageux et la Fondation Rivières est heureuse de s’y associer. La municipalité a une vision différente de ce que peut être une rivière dans un centre-ville et elle lance un message claire aux autres municipalités » a conclut Pierre Leclerc.

 

Source: GaïaPresse

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