Conférence du CIRODD : Laure Waridel et Jean-Martin Aussant critiquent la ministre McKenna

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Par Mizaël Bilodeau

 

Laure Waridel, cofondatrice d’Équiterre, croit qu’il y a effectivement une contradiction à l’effet que le gouvernement canadien souhaite maintenir les subventions aux entreprises pétrolières tout en investissant de façon massive dans les énergies propres. «Oui, il y a une incohérence, c’est une promesse électorale qui ne s’est pas concrétisée», a affirmé Laure Waridel, tout en se réclamant de critiquer la ministre à titre de militante écologiste et non en tant que directrice du Centre interdisciplinaire de recherche sur l’opérationnalisation du développement durable (CIRODD).

«Même si je travaille en lien avec les gouvernements, je ne peux m’empêcher de faire de la politique», a dit Jean-Martin Aussant. L’ex-politicien travaille depuis quelques mois seulement au Chantier de l’économie sociale et il croit qu’il y a effectivement une incohérence au fédéral en ce qui a trait à leurs objectifs en matière de lutte aux changements climatiques.

Une conférence portée sur l’innovation et les solutions

Le CIRODD a organisé, le jeudi 31 mars dernier, une conférence sur le thème « Le Québec en transition : Réfléchir et agir ensemble ». L’événement, ouvert à tous, a réuni un nombre important de participants à la Société des Art Technologiques (SAT) de Montréal. Le panel était composé de Jean-Martin Aussant, à titre de directeur du Chantier de l’économie sociale, Serge Mongeau, auteur et militant écologiste, Jean Fortin, maire de Baie St-Paul, Maryse Lassonde directrice du Fonds nature et technologie et Brenda Plante, rédactrice en chef d’Éthiquette. D’entrée de jeu, Laure Waridel, animatrice de la soirée, a tenu à lire devant l’assistance le communiqué de David Heurtel qui s’excusait de son absence. La lecture s’est terminée par l’anecdotique changement de voiture du ministre pour un véhicule hybride.

Le maire de Baie St-Paul, Jean Fortin, a loué l’initiative de la Coopérative de l’arbre dans la région de Charlevoix. La coop créée en 2007 multiplie les initiatives d’éducation tout en offrant divers services liés à l’écoforesterie. Il a également souligné l’importance des jeunes dans la transition énergétique qui devra se faire à la grandeur du Québec. Il a insisté sur le fait que la transition doit passer, au niveau local, de plus en plus par les Municipalités régionales de comté (MRC) qui gèrent les schémas d’aménagement et développement. «On devra les reconfigurer pour travailler plus ensemble et renforcer les liens entre les municipalités», croit-il.

Jean-Martin Aussant a loué, dans un élan empreint d’admiration, le Québec qui fait figure de leader en matière d’innovation sociale. L’ancien politicien dirige depuis quelque mois le Chantier de l’économie sociale, un regroupement québécois actif dans toutes le régions. «Il y a trois piliers dans une société, les investisseurs privés, le gouvernement et le collectif qui comprend l’économie circulaire, les coopératives, etc.», a précisé l’économiste. La transition est nécessaire, selon lui, parce que l’inégale distribution des richesses rendra à moyen terme la société insoutenable. Il a appelé les gouvernements à relever  les crédits de recherche en développement afin d’y inclure l’économie sociale. «Les produits dérivés ont mauvaise presse depuis la crise économique de 2008, mais j’entrevois beaucoup d’avenir pour financer l’économie sociale», a-t-il insisté.

Marise Lassonde, chercheure et directrice émérite, raconte l’étonnement qu’elle a vécu dans une épicerie d’Iqaluit au Québec lorsqu’elle a constaté que le prix d’un contenant de jus d’orange était de 16 dollars. Pour elle, assurer la sécurité alimentaire des peuples autochtones est primordial. Elle entrevoit comme solution l’utilisation de serre chauffée par géothermie comme il se fait abondamment en Islande. «Il y a un chercheur à l’INRS qui travaille présentement sur la géothermie profonde dans le Grand Nord», a-t-elle raconté avec enthousiasme.

Brenda Plante d’Éthiquette, un site internet portant sur l’investissement responsable, a souligné l’ampleur du mouvement de désinvestissement au cours des deux dernières années. «Cette stratégie est justifiée sur le plan éthique. L’investissement n’est jamais neutre», a-t-elle réfuté.

Serge Mongeau a été la voix différente des panélistes. Il a qualifié le capitalisme de « système qui s’en va vers l’effondrement ». L’homme a parlé de son jardin et de l’importance de vivre simplement. «Je travaille à être moins indépendant afin de faire comprendre aux gens qu’on a besoin d’un changement de paradigme», a-t-il exposé. Par la suite, Louise Millette, directrice adjointe du CIRODD, lui a demandé ce qu’elle doit dire aux ingénieurs visionnaires qui la côtoient. Serge Mongeau a répondu qu’ils devraient faire comme lui, vivre plus simplement. Il s’est repris en ajoutant à la fin de la conférence que les ingénieurs devraient développer des technologies conviviales et utiles.

La diffusion du film immersif  Re-génération a suivi ces interventions.

 

Mizaël Bilodeau pour GaïaPresse

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