Théâtre de la vie : une oeuvre pour l’âme et la planète

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Grâce à une habile capture d’images qui rappelle la série Chef’s Table de Netflix, le documentaire Théâtre de la vie du cinéaste montréalais Peter Svatek met en lumière les conséquences du gaspillage alimentaire ainsi que les efforts pour y mettre fin de certains des plus importants cuisiniers de la planète.

« Et si nous cuisinions pour les gens qui ne nous connaissent pas? » Dès les premières minutes du film, le chef italien Massimo Bottura lance cette phrase qui devient la prémisse de l’œuvre : comment un artiste de renommée internationale peut-il aider les plus démunis?

Bottura, dont le restaurant Osteria Francescana a été sacré meilleure table au monde en 2016, est horrifié par le fait que plusieurs personnes ne mangent pas suffisamment alors qu’une quantité énorme de nourriture est gaspillée chaque année.

Le documentaire suit donc le chef alors qu’il réunit 60 des plus grandes vedettes culinaires à l’Exposition universelle de Milan pour (gratuitement) transformer l’excédent alimentaire en des repas pour les moins nantis et par le fait même, prouver l’absurdité de nos méthodes de consommation.

Sous l’œil de la caméra, des chefs comme Ferran Adrià, René Redzepi ainsi que les Canadiens John Winter Russel et Jeremy Charles concocteront des plats savoureux dans le splendide Refettorio Ambrosiano, une église abandonnée de Milan convertie en cantine et salle d’art.

Un défi, certes, pour des restaurateurs habitués de cuisiner pour une clientèle riche et raffinée, mais aussi pour les itinérants, réfugiés et anciens toxicomanes qui viennent y manger un repas. Les scènes montrant le quotidien des personnes démunies sont particulièrement poignantes

La fracture entre ces mondes opposés, l’un des points forts de l’œuvre, devient de plus en plus évidente à mesure que le documentaire avance : l’un des personnages cesse de participer aux repas communs, dénonçant le fait qu’ils ne sont qu’un baume temporaire sur une vie de misère. Toutefois, les conséquences environnementales du gaspillage alimentaire, estimé à un tiers de toute la nourriture produite annuellement, ne sont qu’à peine abordées.

Somme toute, l’œuvre est une réussite et un incontournable pour les gastronomes qui ont la conscience lourde. Le documentaire envoie aussi un message clair aux chefs cuisiniers de ce monde : il faut aujourd’hui « jumelé l’éthique à l’esthétique », insiste Massimo Bottura.

En attendant que la plupart des restaurateurs adoptent cette philosophie, le montréalais Peter Svatek, lui, peut se vanter d’avoir relevé un défi similaire.

Théâtre de la vie (94 minutes) sort en salle le 23 décembre à Montréal et à Québec.


Isaac Gauthier pour GaïaPresse

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