Les investissements de la CDPQ dans les énergies fossiles vont à l’encontre de l’Accord de Paris

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L’accroissement en 2016 des investissements directs et indirects de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans les secteurs de production et de transport d’énergies fossiles va à l’encontre de l’Accord de Paris et de la science du climat en plus d’éloigner le Québec et le Canada des solutions à la crise des changements climatiques et d’exposer l’ensemble des épargnants à des risques financiers accrus.

«Nous avons assisté ces derniers mois à des radiations d’actifs, des ventes et des désinvestissements au niveau des sables bitumineux. Pendant ce temps, la Caisse fait le choix d’endosser l’exploitation ainsi que le transport de cette ressource polluante et chère à exploiter. On ajoute même qu’à moyen terme, le pétrole et le gaz sont là pour de bon», a déclaré Sébastien Collard, porte-parole du mouvement Recycle ta Caisse.

«Considérant que l’éclatement de la bulle du carbone survient au début de la transition technologique et énergétique et que celle-ci est bien amorcée, ce choix fait peur. Moi, je parle aux travailleurs et je vous dis qu’ils comprennent que le rendement économique ira de pair avec la réussite de cette transition. A-t-on demandé aux cotisants leur avis avant de faire ce pari risqué?»

Selon les Renseignements additionnels au Rapport annuel 2016, la CDPQ a fait passer ses investissements dans la société albertaine Enbridge de 627,6 à 930,6 millions de dollars, soit une augmentation de 48%. Dans le cas de TransCanada, les investissements de la Caisse ont grimpé de 66%, passant de 619 millions à 1,02 milliard de dollars. Le scénario est semblable pour Pembina Pipeline Corporation (294 à 511 millions, soit +74%) et l’américaine Spectra Energy (17 à 47 millions, soit +176%).

Cotisants exposés au risque d’éclatement de la bulle de carbone

« Alors que la crise climatique s’aggrave, les investissements accrus de la CDPQ dans des infrastructures du secteur des énergies fossiles ont pour effet de verrouiller des émissions de GES additionnelles pour des décennies. Cette orientation est incompatible avec l’Accord de Paris qui requiert exactement le contraire », affirme Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki.

Les investissements massifs dans le secteur des énergies fossiles du deuxième plus grand fonds public de pension au pays exposent l’épargne de ses cotisants au risque d’éclatement de la bulle de carbone et d’intensification des évènements climatiques extrêmes. Il est déjà estimé que la CDPQ a subi des pertes de 7,2 milliards $ en raison de ses investissements dans le secteur des énergies fossiles depuis le début de la décennie.

Selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace, «la Caisse va complètement à contre-courant de la tendance mondiale et de la volonté des Québécois quand elle finance des projets d’hydrocarbures qui accéléreront la crise climatique. Le bas de laine des Québécois ne doit pas devenir le banquier public des changements climatiques en finançant des projets comme les pipelines qui menacent également l’eau potable et vont à l’encontre des droits des Premières Nations.»

«On parle ici d’un autre 977 millions de dollars qui nous appartiennent et qui sont allés financer les projets de pétrolières quand, en toute logique, ils auraient pu servir à accélérer la transition énergétique urgente dont on a besoin pour éviter le pire. Si la CDPQ s’entête à affirmer qu’elle ne fait que remplir sa mission d’obtenir de bons rendements pour ses épargnants, alors que le temps est venu de revoir cette mission et de l’ajuster aux réalités climatiques du XXIe siècle », ont affirmé les trois organisations derrière le mouvement Sortons la Caisse du Carbone. (1)

(1) Le mouvement Sortons la Caisse du carbone, qui a déjà reçu l’appui de quelque 7500 personnes, est soutenu par la Fondation David Suzuki, Recycle ta Caisse et Greenpeace Canada.

Source : Fondation David Suzuki

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