La transition énergétique, un défi pour l’Afrique francophone

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© African solar designs

Par Denis Plante pour Gaïa Presse

Les pays africains de l’espace francophone font face à plusieurs défis, dont celui de la transition énergétique. Il s’agit pour eux de combler des besoins pressants liés au transport, à l’alimentation en eau potable et aux télécommunications tout en développant des projets énergétiques durables. L’objectif visé demeure la croissance économique arrimée à la protection de l’environnement, à la création d’emplois et à la consommation responsable.

Dans le cadre du Forum économique international des Amériques, se déroulant du 12 au 15 juin dernier à Montréal, l’Institut de la Francophonie pour le développement durable a permis de mieux saisir les problématiques de financement et de ressources humaines auxquels sont confrontés les pays de ce continent.

Des conditions à réunir pour le succès de la transition

Lors d’un premier panel, Marie-José Nadeau, ex-présidente du Conseil monial de l’énergie, nous expose que l’accès aux sources d’énergie, autres que rudimentaires, représente une problématique mondiale et qu’il s’impose d’agir rapidement. «Plus d’un milliard de personnes sur la planète n’ont pas accès à des sources d’énergie telles que l’hydroélectricité ainsi que celles générées par le soleil et le vent. En Afrique, 65% des citoyens en sont privés», ajoute-t-elle.

Les pays africains ne disposent pas suffisamment de ressources financières et techniques. Pour assurer une transition énergétique optimale, il faut satisfaire certaines conditions. Il faut d’abord viser juste, à savoir mettre en œuvre les grands chantiers de la décarbonisation, de la décentralisation et de la digitalisation. «Si les pays en développement souhaitent être soutenus par l’investissement étranger, ils doivent s’assurer que les conditions d’accueil sont claires et transparentes : un marché suffisant, une main-d’œuvre formée, une réglementation cohérente et une gouvernance politique stable». Dès lors, la convergence entre le capital disponible et les projets ciblés se réalisera.

Par la suite, Hary Andrianlavy, secrétaire exécutif de l’Association africaine pour l’électrification rurale, précise que les efforts consentis doivent porter sur des projets d’économie locale et responsable. « L’accès à l’énergie doit prendre la forme de l’énergie renouvelable comme l’énergie solaire. Dans la foulée de ces projets, les compétences africaines vont se développer», précise-t-il.

Finalement, Jacob Irving, président de l’Association canadienne de l’hydroélectricité témoigne de la volonté de son secteur à partager l’expertise canadienne, tant sur les plans techniques que des relations avec les populations. Il ajoute que « le Canada, 2e production de l’énergie hydroélectrique au monde, peut contribuer à développer cette forme d’énergie en Afrique qui n’exploite que 10% de son potentiel».

Transformation structurelle : miser sur les partenariats

Dans le cadre d’un deuxième panel, Kako Nubukpo, animateur de la discussion et directeur de la Francophonie économique, rappelle que les pays africains sont sujets à une grande vulnérabilité, particulièrement à la suite de la chute des prix des matières premières (pétrole). Deux agendas ont fixé des objectifs pour 2030, soient la Stratégie de développement durable de l’ONU et la Stratégie de développement économique de l’Afrique francophone. Une somme de 100 milliards de dollars par an pour les infrastructures nécessaires devrait permettre d’atteindre en partie ces objectifs.

Dans un deuxième temps, Mansour Elimane Kane, ministre responsable des Infrastructures du Sénégal fait part des enjeux auxquels les pays africains font face. La décroissance récente de l’économie (de 6% à 3%), la hausse du coût présumé de la dette publique et l’accès à l’emploi pour la jeunesse (66% des citoyens de moins de 30 ans) signalent que la formule des partenariats public-privé représente la voie à suivre. «Il faut atteindre 50% en énergies renouvelables d’ici 2030. L’espace francophone mondial peut nous soutenir car il constitue 20 % du commerce international et 14% du revenu mondial».

D’autre part, El Hadi Chaibaïnou, du Groupement professionnel des Banques du Maroc, considère que les pays africains disposent de ressources naturelles, d’une démographie importante et d’une volonté de changement pour faire face au défi de cette transition énergétique. « Il faut s’appuyer d’abord sur la coopération africaine et le multilatéralisme pour dépister les projets porteurs et communs. Le financement, et donc des ententes de partenariats public-privé, demeure la dernière étape. Il faut se préparer et développer notre expertise tout en s’assurant de la sécurité de ces initiatives» conclue-t-il.

Finalement Éric Giroux, vice-président du cabinet d’ingénieurs mondial WSP qui œuvre en Afrique depuis des décennies, met en avant la nécessité du transfert de connaissances. Il précise que « la donne a changé car nous faisons maintenant appel, pour 50%, aux compétences locales. Nous sommes constamment à l’écoute et conscients que la prise en charge citoyenne doit se faire en privilégiant des projets de petite dimension».

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