Slow Food : vers une une justice alimentaire

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Par Bérénice La Selve

Slow Food donne régulièrement des conférences sur des thèmes liés à l’alimentation durable. Photo : Bérénice La Selve – GaïaPresse

 

La branche montréalaise de l’association internationale Slow Food s’implique depuis dix ans dans la sensibilisation du grand public aux enjeux environnementaux liés à l’alimentation. Marc Desrosiers, son président depuis deux ans, nous parle des valeurs et projets en cours de l’association.

Slow Food est une organisation internationale existant depuis les année 80. Fondée en Italie, elle s’appelle « Slow Food » en réaction à l’ouverture d’un restaurant de « fast food » McDonald’s à Rome en 1986. À l’heure actuelle elle est présente dans 150 pays et regroupe 100 000 membres.

Les trois piliers de la philosophie Slow Food sont : une alimentation propre (dimension environnementale), bonne (dimension gastronomique) et juste (dimension équitable). Dans cette optique, l’association promeut les initiatives dont l’objectif est de pousser les gouvernements à changer les lois en faveur d’une production et d’une consommation alimentaires plus durables.

Slow Food International a de nombreux projets en cours, plus de 300 à l’heure actuelle. Dans le volet protection de l’environnement, Marc Desrosiers cite la lutte contre l’accaparement des terres, la promotion de la consommation locale et bio, le rapprochement des consommateurs avec les producteurs, un programme de protection de la biodiversité, et la promotion du patrimoine alimentaire en revitalisant des traditions alimentaires perdues. Il donne un exemple : « Durant les 50 dernières années, on a assisté à une perte de 70% de la biodiversité de la planète. La monoculture est partiellement responsable de ce phénomène. Slow Food lutte contre cela en favorisant l’approvisionnement direct auprès du producteur et en encourageant l’élimination du nombre d’intermédiaires entre producteur et consommateur. Il est important de préciser que notre mission n’est pas de faire la promotion de commerces spécifiques, mais la promotion d’initiatives telles que la certification Fourchette bleue, qui, elles, listent les commerces qui s’approvisionnent de façon responsable ».

À Montréal, Slow Food prend tranquillement de l’ampleur : le nombre de personnes suivant Slow Food Montréal sur Facebook est passé en deux ans de 1200 à 2600. Le nombre de membres a également doublé. Son objectif est d’amener le grand public à revoir ses habitudes alimentaires pour s’orienter vers des pratiques plus écoresponsables et d’encourager ainsi un changement de paradigme permettant de réduire le gaspillage alimentaire. Selon Marc Desrosiers, « si les règles de consommation prônées par le mouvement Slow Food étaient appliquées par tous, on pourrait nourrir la population humaine de toute la Terre. »

Marc Desrosiers est le président de Slow Food Montréal depuis 2 ans et est son 4e président. Il souligne sa « volonté de démocratiser les actions », en diminuant le nombre d’événements gastronomiques coûteux pour privilégier les activités accessibles à tous, gratuites ou à prix aussi bas que possible. Les 4 « chantiers »sur lesquels la branche montréalaise travaille actuellement sont : consolider le convivium et redonner des moyens financiers à l’association, sensibiliser et informer la population, lutter contre l’accaparement des terres, et d’une manière plus générale, agir pour la protection de l’environnement.

Dans cette optique, Slow Food Montréal offre son soutien à plusieurs causes. Marc Desrosiers cite en exemple la campagne de l’union paysanne (un mouvement dont Gaïa Presse a déjà parlé ici) faisant la promotion d’une application plus souple de la loi sur la mise en marché des produits agricoles concernant la productions hors quota. En effet, cette pratique réduit l’accès au marché pour les petits producteurs et le garde aux mains de quelques grosses fermes. Marc Desrosiers explique : « ces quotas sont à l’heure actuelle trop bas pour permettre aux petits producteurs de vivre de leur activité. Par exemple, la loi autorise un maximum de 99 poules pondeuses sans acheter de quota, ce qui ne permet pas de vivre seulement de cette activité. Or, le prix des quotas au Québec est devenu si élevé que c’est un investissement trop lourd pour les petits producteurs, qui ne peuvent donc ni vivre des volumes que la loi leur autorise, ni étendre leur activité. » Slow Food Montréal est en contact avec les représentants de ces associations et participe aux campagnes en faisant la promotion des prises de position et en endossant pétitions et manifestations.

Un autre projet en cours de Slow Food Montréal est la mise en place de « marchés de la terre ». Il s’agit d’une certification délivrée par l’association visant à garantir qu’un marché propose des produits de saison et locaux, respectant les critères « bon, propre et juste », et vendus à un prix raisonnable et transparent. Cette initiative est parrainée par un convivium suivant le cahier des charges créé par Slow Food (règles de fonctionnement, de création, logistiques, d’hygiène). A l’heure actuelle deux marchés québécois sont impliqués dans une démarche de certification : le marché du Val-David (Laurentides) et celui de Lac-Brome (Brome-Missisquoi).

Slow Food Montréal prépare de futurs événements, dont une dégustation de « tire Ste Catherine » le 25 novembre au marché Jean-Talon pour faire découvrir aux jeunes les traditions alimentaires québécoises. Le salon de vins biologiques, biodynamiques et naturels « Slow Wine » aura lieu au moins de Mars 2019.

À propos de l’auteure : Bérénice La Selve est étudiante à la maîtrise en environnement à l’Université de Montréal et elle se passionne pour les questions d’alimentation et de gestion des matières résiduelles.

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