Le Plan vert de Québec solidaire : un tremplin vers la décroissance conviviale?

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Par Jacinthe Leblanc


Photo de puttsk – free digital photos

Mots-clés : Plan vert, Québec solidaire, décroissance, écosocialisme

 

Le Plan vert de Québec solidaire (QS), dans sa version de 2012, serait un premier pas vers l’inévitable décroissance conviviale. C’est du moins ce que pense Jonathan Durand Folco, candidat au doctorat en philosophie à l’Université Laval. Selon lui, « le développement économique sous toutes ses formes est, à long terme, incompatible avec la préservation des écosystèmes. » Il ne faut donc pas s’arrêter à ce plan qui offre une belle porte de sortie du modèle de production actuel. Il faut aller plus loin.

Jonathan Durand Folco a expliqué comment, de son point de vue, le Plan vert de QS apparaît comme une « réponse à la crise écologique » sans toutefois être la finalité nécessaire pour éviter le mur écologique lors du colloque Creuser jusqu’où? Les limites de la croissance à HEC Montréal, le 13 mai dernier. Là où il y a innovation pour un parti politique, c’est que les préoccupations mises de l’avant par ce plan sont d’abord sociales. On y parle entre autres de l’augmentation des redevances sur les ressources minières, de création d’emplois « verts », de la souveraineté des communautés locales et de repenser la distribution de la richesse dans une perspective écologique. Et tout ce qui est économique est abordé dans une perspective plurielle (économies sociale, publique, privée et domestique) et de bien commun.

 

Radicaliser sans rejeter les réformes

« Pour surmonter le mur écologique, explique le doctorant en philosophie, le Plan vert devra être conçu comme une réforme radicale amorçant une transformation écosocialiste de l’économie dont l’objectif ultime sera la sortie définitive de la croissance et l’établissement d’une société conviviale. » L’écosocialisme apporte un nouveau projet politique basé sur une écologie anticapitaliste et sur un socialisme antiproductiviste. Il s’agit de « repenser le projet du socialisme dans le contexte du XXIe siècle et dans une perspective écologique », précise-t-il. 

Sur le plan de la social-démocratie, le Plan vert de QS « est un plan extrêmement exigeant qui se bute à des obstacles écologiques », note le conférencier. En fait, comme le soutien Harvey Mead cité par Jonathan Durand Folco, le refus de changer de paradigme économique fera que nous heurterons un mur écologique sous peu. Selon les études et les chiffres avancés par M. Durand Folco, un effondrement des écosystèmes est anticipé entre 2030 et 2060 puisque ceux-ci peinent à s’adapter au rythme de la croissance humaine. Ce qui fait, souligne-t-il, que « nous avons environ 15 ans pour amorcer le virage écologique. »

 

La nécessaire décroissance

« La croissance verte est préférable à l’austérité », avance l’étudiant. Et c’est pour cette raison, entre autres, que le Plan vert de Québec solidaire doit être considéré comme une transition vers autre chose, soit l’écosocialisme, puis la décroissance conviviale. 

L’idée même de la croissance matérielle infinie doit être rejetée, peu importe le système politique. Selon Jonathan Durand Folco, en repensant « une économie fondée ni sur la valeur d’échange, ni sur l’ordre étatique, mais plutôt sur la sphère de la réciprocité », il devient possible, via la décroissance, de sortir du paradigme de la croissance et de la surconsommation. Le don, la gratuité, la vie en communauté et l’autoproduction sont tous des éléments qui doivent être intégrés à notre quotidien.

Et la première étape pour y arriver est l’adoption du Plan vert de Québec solidaire selon l’étudiant en philosophie. Dans ce plan se trouve l’instauration d’un revenu minimum garanti comme façon de contrer la pauvreté. M. Durand Folco insiste et mise sur ce moyen puisque cela donnera aux individus la capacité « de libérer du temps libre permettant l’expansion de la sphère d’autonomie et la résilience socioécologique. » Avec plus de temps entre les mains, les citoyen-ne-s seront plus disponibles pour se réapproprier les lieux d’échanges et pour développer ensemble « une culture écologiste, anticapitaliste, conviviale et locale », conclut-il.

 

Québec solidaire, encore loin de gouverner

Selon un sondage CROP – Le Soleil – La Presse réalisé en avril 2013, Québec solidaire récolterait 11% des intentions de vote. Le parti politique demeure loin de prendre le pouvoir et l’adoption du Plan vert pourrait arriver trop tard. Les différentes crises actuelles demandant un changement de paradigme économique, social et politique, les alternatives doivent être mises de l’avant dès maintenant, sans attendre après un parti politique. C’est du moins la position de nombreux groupes sociaux et écologistes, comme les AmiEs de la Terre Québec, Rivière Romaine, le GRIP-UQAM et le Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC).

 

 

Source: GaïaPresse

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