Faire de Laval une ville en santé : Le mémoire des Amis du Boisé du Souvenir

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La première version du projet de schéma d’aménagement de la Ville de Laval (S.A.D.R.-1) prévoit, dans un horizon de 5 ans (p. 6-3), la disparition du Boisé du Souvenir pour réaliser le prolongement du boulevard du même nom (voir l’illustration).

L’adoption de ce schéma placerait les citoyens de Laval-des-Rapides devant le fait accompli et l’impossibilité de rectifier une décision qui affecterait la qualité de vie, la santé publique des Lavallois actuels et futurs et la richesse de milieux naturels déjà morcelés.

Les Amis profitent de l’actuelle période d’information pour rendre public leur mémoire afin de faire connaitre la situation du Boisé du Souvenir et demander qu’on le reconnaisse à titre de boisé d’intérêt municipal. Révisé par un comité formé d’experts indépendants et endossé par le Dr François Reeves, il s’agit ici d’une étude dont la valeur scientifique ne fait aucun doute. Avant de le présenter, il faut dire un mot du boisé en question et du projet de la Ville.

 

Le Boisé du Souvenir et le parachèvement annoncé 

Sur les cartes de la Ville, le bois du Souvenir est parfois un espace vert et souvent un espace gris. Il s’agit néanmoins d’un milieu naturel de près de 10 hectares qui réunit un milieu humide, un ruisseau ainsi que des secteurs boisés et en friche. Situé au coeur d’un corridor vert de plus de 20 hectares, sa valeur écologique déjà documentée par le CRE de Laval. Annoncé en décembre 2012, le prolongement du boulevard du Souvenir a été «énoncé il y a plus de 25 ans», rappelle la conseillère du district Sandra Desmeules. Projeté à une époque où l’on ignorait tout des changements climatiques et des îlots de chaleur urbains, on croyait le parachèvement nécessaire pour compléter le réseau. Alors que les études consacrées à l’ajout d’axes routiers pour rendre plus fluides les artères structurantes concluent toutes à une augmentation du trafic, la Ville de Laval, elle, croit que le prolongement annoncé (2-33) permettra de «désengorger» le boulevard de la Concorde qui passe au sud.

 

La valeur considérable des boisés lavallois

Le mémoire démontre que l’état actuel du couvert forestier lavallois – et son déficit majeur à Laval-des-Rapides – n’autorise en aucune façon la destruction du dernier boisé du secteur. Notre étude documente la contribution de la forêt urbaine tant au point de vue de la santé publique, de l’adaptation aux changements climatiques que pour les motifs écologiques. En conclusion, le mémoire élabore des alternatives à la destruction de ce milieu naturel.

À proximité d’un «centre-ville fortement minéralisé» (2-172), ce boisé joue un rôle essentiel pour la qualité de vie des citoyens et aucune compensation ne saurait pallier à sa perte. Par sa canopée, il contribue à la santé publique, car il réduit les effets des îlots de chaleur et les risques associés aux maladies cardiovasculaires (F. Reeves). Or comme «La règlementation devra prévoir des dispositions permettant la protection des îlots de fraîcheur, par ex. par la conservation des arbres matures» (7-29), la Ville sait que sa protection est justifiée. Par son milieu humide, il sert la lutte au réchauffement climatique à Laval-des-Rapides, un secteur que Laval veut densifier. Et comme cet écoterritoire bénéficie d’une valeur écologique, il a donc toutes les qualités d’un «bois d’intérêt municipal» avec affectation de conservation.

C’est pourquoi nous exigeons, avant l’adoption en 2017 du schéma révisé, une consultation spécifique sur le statut de ce boisé où seront discutées les alternatives à sa destruction. De telles alternatives permettraient, entre autres : la conservation de 20 hectares du corridor vert existant, la conception d’un «Central Park lavallois», l’élaboration de projets durables et d’une passerelle pour connecter les pistes cyclables séparées par la voie ferrée.

 

Recommandations des Amis du Boisé du Souvenir

Considérant le fait que seule une voie réservée et un BHNS (bus à haut niveau de service) sur le boul. De la Concorde réduiraient le flux sur cette artère, une «ville en santé» devrait :

1. Attribuer au Boisé du Souvenir le statut de «boisé d’intérêt municipal» afin de l’intégrer à

son programme de conservation et espérer se rapprocher des objectifs chiffrés du PMAD.

2. Intégrer ce boisé à la planification de l’aire TOD de la Concorde, car c’est «l’unique milieu

naturel du secteur» (2-177). Un projet particulier d’urbanisme (PPU) cohérent projetterait

la construction d’une passerelle pour relier les pistes cyclables séparées par la voie ferrée.

 

Voici, en terminant, ce que certains partenaires ont tenu à rappeler aujourd’hui. Selon Karel Mayrand, le directeur de la Fondation David Suzuki pour le Québec : «Dans le contexte deschangements climatiques, les milieux naturels constituent une infrastructure stratégique […]. La perte ou la fragmentation de milieux naturels rendra Laval et ses citoyens plus vulnérables aux changements climatiques. C’est pourquoi il est primordial de protéger ce milieu de grande valeur». Au fait du potentiel de connectivité offert par le bois du Souvenir, Sylvain Perron du Mouvement Ceinture Verte, affirmait : «Cet espace naturel mérite une attention particulière puisqu’il s’agit d’un boisé important en plein coeur de la ville. Il s’agit d’un des dernier corridor de déplacement important pour la biodiversité à cet endroit spécifique».

Les organismes lavallois engagés dans la conservation appuient aussi les Amis du Boisé du Souvenir. M. Luc Leblanc, le président de la Corporation du Bois de l’Équerre, prenait acte de sa position stratégique pour rappeler l’énoncé de vision adopté par la Ville de Laval : «Un bois au centre-ville, c'est le sceau de l'engagement ‘vert’ d'une ville Urbaine de Nature». Au fait du défi politique que représente la conservation des milieux naturels, Mme Huguette Larochelle, de Sauvons nos trois grandes îles, complétait la suggestion de M. Leblanc : «Ce que la nature a mis des siècles à construire, Laval pourrait le détruire en un jour. Notre Ville a besoin d'un maire et d'une administration municipale visionnaires. Pour protéger la santé des citoyens de demain, la protection et la conservation du Boisé du Souvenir s'imposent.»

Attentif à la nécessaire mixité du tissu urbain, M. Paul Émile Roger du Comité de protection de l’environnement de Saint-François, affirmait que «La Ville de Laval a comme défi de faire place à la nature dans le tissu urbain. Elle doit trouver des alternatives afin de préserver le milieu naturel du Bois du Souvenir afin de préserver la santé et le bien être des résidents.» 

Pour conclure, Mme Andrée Gignac des Clubs 4-H de Laval, insistait, comme le Dr François Reeves, sur la place décisive de la qualité de l’air pour la santé publique : «Nous savons que les arbres sont essentiels à la vie sur Terre, car ils améliorent la qualité de l’air. Aussi, les arbres luttent concrètement contre les îlots de chaleur en rafraîchissant l’air grâce à la vapeur d’eau. Ainsi, lorsque l’air est plus frais, tout le monde respire mieux!»

En conclusion, tout comme le Sierra Club Québec dont l’avis a été annexé à notre pochette de presse, tous les organismes lavallois qui oeuvrent à la conservation et à la valorisation des milieux naturels soutiennent les demandes expresses des Amis du Boisé du Souvenir.

 

Source : Les amis du Boisé du Souvenir

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