Devrions-nous étendre la consigne aux bouteilles d’eau ?

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Par Joan Raymond
 



Mots clés : Conseil des Entreprises de Services environnementaux (CESE), Recyc-Québec, l’Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec (AEBGQ), Conseil Canadien du Commerce de Détail (CCCD), Table pour la récupération hors foyer, collecte sélective hors foyer, consigne, consigne de remplissage unique (CRU), centre de tri.

 

Ne devrions-nous pas étendre la consigne aux bouteilles d’eau? La question, posée par un propriétaire de centre de tri, a soulevé les passions lors du premier Congrès du Conseil des Entreprises de Services environnementaux (CESE) qui s’est tenu à l’Hôtel Mortagne à Boucherville, le jeudi 5 mai dernier. La gestion des matières résiduelles commerciales et des projets de valorisation organique au Québec était au cœur de cette journée, où plus de 50 organismes œuvrant en environnement étaient présents.

Carole Villeneuve, vice-présidente aux communications à Recyc-Québec (qui gère le système de consigne), a présenté l’ambivalence de l’État : « Le gouvernement n’a pas encore pris position sur l’un ou l’autre des systèmes, car présentement tous les deux sont performants ». Cette réponse est venue à la suite du panel de discussion qui a eu lieu sur le thème Consigne : mythe ou réalité ? Frédéric Albarro, vice-président Québec du Conseil Canadien du Commerce de Détail (CCCD) et Martin-Pierre Pelletier de l’Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec (AEBGQ) y ont exposé, à tour de rôle, la réalité entre les deux systèmes de récupération, soit la collecte sélective hors foyer et la consigne de remplissage unique (CRU).
 

Tous droits réservés . Alexis Eisenberg

Consigne versus collecte sélective

Les deux hommes allaient dans le même sens : le système de collecte sélective est plus performant pour l’environnement que le CRU, puisqu’il permet de récupérer un tonnage 15 fois plus important que celui de la consigne. La CRU est un système avant-gardiste dont plusieurs s’inspirent encore aujourd’hui, mais qui est à présent en perte de vitesse au Québec; le taux de récupération de la consigne stagne à 69 %, tandis que la collecte sélective est en hausse constante, passant de 48 % en 2006 à 60 % en 2010. De plus, cette dernière est plus simple, plus accessible et plus pratique pour la population, puisqu’on élimine la confusion chez le consommateur, qui est créée avec la prolifération des produits. Alors peu importe le produit, tout va dans le bac ! « La collecte est trois fois moins coûteuse que la CRU, 200$ la tonne au lieu de 600$ », a spécifié Monsieur Albarro.

L’AEBGC, c’est…

«  L’AEBGQ représente une vaste gamme de marques et de compagnies qui produisent et distribuent la majorité des boissons non alcoolisées au Québec. L’AEBGQ, c’est donc plus de 100 marques de boissons gazeuses, jus, boissons de jus, eaux embouteillées, boissons sportives, thés et cafés glacés prêts à servir, boissons énergisantes et autres boissons non alcoolisées.

Au Québec, ces produits sont souvent associés au système de consigne. Un grand nombre des produits faits et distribués au Québec ne sont pas couverts par le système de consigne. Ainsi, ils sont assujettis au système de collecter sélective.  »

Marc Coulombe, président de l'AEBGQ


Parallèlement, la consigne à remplissage multiple (CRM) semble vouloir être maintenue par le gouvernement. Lors du congrès, des propriétaires de centres de tri ont plaidé en faveur de la consigne du verre. Leurs raisons sont multiples : le verre se brise facilement, il engendre de la contamination (dépendamment de la façon dont le système de tri est organisé), les couleurs de verre se mélangent rendant ainsi le produit moins intéressant pour les entreprises qui le recyclent, et il est moins facile de le stocker que les autres matières récupérées.

Messieurs Albarro et Pelletier ont effectivement reconnu qu’il fallait continuer à développer de nouvelles technologies pour traiter le verre et minimiser ses impacts négatifs dans les centres de tri. Selon Martin-Pierre Pelletier, « toute duplication de systèmes et d’infrastructures ne peut qu’engendrer des inefficacités. Il faut favoriser le développement de la collecte sélective et rendre le transfert de la consigne vers la collecte écologiquement responsable, dit-elle. Il faudra y aller graduellement. C’est la voie du futur. »

Pour sa part, Louise Fecteau, directrice générale de Gaïa Environnement, est venue présenter la Table pour la récupération hors foyer, qui en est à sa quatrième année de gestion. Avec un fonds de plus de 8 M$ et des partenaires provenant de tous les secteurs concernés, cet organisme a pour mission de mettre en place des systèmes durables, privilégiant l’approche inclusive de la collecte sélective et ainsi de permettre la récupération de toutes les matières recyclables. Ce programme vise et finance les initiatives de deux secteurs, les aires publiques municipales et les restaurants, bars et hôtels. Depuis février 2008, le programme aura aidé plus de 2 700 restaurants, bars et hôtels du Québec dans la récupération de toutes leurs matières recyclables et elle encourage la clientèle à choisir des établissements qui récupèrent !

Autres intervenants présents lors de ce congrès, Sabrina Charron, Agente de recherche et planification à Recyc-Québec, a présenté les nouveaux programmes de soutien de l’organisme ; Frédérick Richard, Président et directeur de projets, de Ni Corporation a parlé  de la gestion des matières organiques dans les ICI (industries, commerces, institutions), et de l’évolution de la situation au Québec. Quant à Maryse Vermette, présidente-directrice générale d’Éco Entreprise Québec et Réjean Pion, président de l’Association des organismes municipaux de gestion de matières résiduelles, ils ont débattu sur l’exécution de la collecte dans les ICI : par qui ? À quel prix ?

 

Les hauts et les bas de la bio-méthanisation à Rivière-du-Loup

En après-midi, la discussion s’est déplacée vers la valorisation de la matière organique : compostage et valorisation énergétique. Michel Laforest, de la Société d’économie mixte d’énergie renouvelable de la région de Rivière-du-Loup (SEMER), est venu faire état des bons coups bad coups de l’avancement de la première usine de bio-méthanisation du Québec : l’explication des étapes de l’implantation de l’usine de bio-méthanisation, des possibilités financières et du procédé lui-même, en prenant en exemple la mini-usine de bio-méthanisation qu’est le corps humain !

L’établissement de cette technologie à Rivière-du-Loup se fait très lentement, le projet d’usine ayant été annoncé en janvier 2010.  Son entrée en fonction devait se faire une année plus tard, mais l’usine n’a pas encore reçu son certificat d’autorisation pour la construction des infrastructures!

 

Coup de génie …

Patricia  Goulet de la multinationale Biogénie-Gestion des matières résiduelles, dont elle est la directrice, Développement des affaires, est venue parler des solutions qui s’offrent aux petites municipalités du Québec. La présentation d’une des trois options, la technologie du bio séchage (développé par Biogénie) des déchets en biocombustibles, a soulevé beaucoup d’intérêts. Elle se présente sous forme de petites granules noires inodores qui, une fois brûlées dans une chaudière à biomasse, n’émettent pas de GES ! « C’est green light ! » selon un représentant de Biogénie. L’avenir en matière de valorisation des déchets n’est pas seulement l’affaire d’une seule technologie. Il faudra laisser le temps aux autres technologies de se développer, d’être testées et de prendre leur place sur le marché.

Dans le même sens, le cégep de Rivière-du-Loup, représenté par Jacynthe Thiboutot, entend bien prendre sa place dans l’arène de la valorisation des déchets, en offrant un nouveau programme des techniques de bio-méthanisation et de compostage, afin de répondre aux besoins en émergence. Et qui sait… produire les créateurs de nouvelles technologies de demain !

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