Quelle place pour les femmes dans les négociations?

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Par Martine Duquette

Mots-clés : Protocole de Kyoto, genre, CdP17

 

Les différentes délégations officielles débutent cette semaine leur processus de négociation en vue, notamment, de décider de la suite à donner au Protocole de Kyoto. Elles ne sont cependant pas les seules à s’affairer au Centre international de conférences de Durban; les organisations non gouvernementales, organisations internationales et membres de la société civile multiplient les échanges sur une multitude de questions en lien avec les changements climatiques, en vue de faciliter la mise à l’agenda de ces dernières. Parmi ces questions : le genre.

 

Le genre attire peu d'hommes

Qui dit rencontres sur le genre – principalement la prise en compte des défis et opportunités propres à la réalité des femmes – dit grande présence de femmes. Les hommes s’intéressant à ces questions sont rares; c’est du moins l’observation qu’on peut faire lors des évènements organisés à Durban sur ces problématiques. Cela peut, entre autres, s’expliquer par les objectifs même des groupes travaillant sur le genre et les changements climatiques. Ils favorisent l’émancipation et le renforcement des capacités des femmes. Cela passe notamment par une plus grande inclusion de ces dernières dans le processus de prise de décision et de partage des connaissances.

 

Un défi considérable

Il est difficile de faire percoler l’idée de traiter de la question du genre en lien avec les changements climatiques. C’est ce qui ressort à Durban et dans les rencontres précédentes de la CCNUCC. Les gouvernements nationaux travaillent souvent en silo; un ministère s’occupe de l’éducation, un autre de la santé, un autre encore de l’agriculture et un enfin de l’environnement. Peu de sujets sont abordés conjointement par ces derniers. On sait que les changements climatiques vont se produire, mais il est encore ardu d’insérer les problématiques transversales dans ce cadre bureaucratique.

Le genre en est le meilleur exemple et cela se traduit également dans la question du financement. Les organisations travaillant sur les droits humains et l’égalité homme-femme ne connaissent pas la manière dont les changements climatiques vont affecter les femmes et à l’inverse, tel que démontré au cours de cette conférence, les organisations travaillant sur les changements climatiques ne s’attardent pas au genre. Les fonds manquent donc pour des projets qui pourraient permettre à des femmes de prendre en main leur avenir face aux impacts des changements climatiques.

 

Des femmes du Sri Lanka s’organisent

Malgré ce manque de financement, certains groupes de femmes s’organisent face à des défis communs. C’est le cas d’une communauté de la côte ouest du Sri Lanka, où un groupe de femmes pêcheuses voient le climat changer et menacer leur sécurité. Depuis quelques années, les changements climatiques causent un bouleversement des saisons, qui empêche les femmes de se baser sur leur savoir traditionnel pour planifier leur départ en mer. La sécurité alimentaire de toute leur communauté est donc remise en question.

Face à ces défis, ces femmes ont décidé de se regrouper et de faire des recommandations à leur pays concernant la prise en compte de leurs besoins. Appuyées par des organisations non gouvernementales, elles sont venues faire entendre leur voix à la 17e CdP et partager leurs connaissances avec d’autres communautés de l’Afrique du Sud, des Philippines, de Kiribati, etc.

 

Le transfert de connaissances pour une participation aux négociations

A l’image de l’atelier préparatoire conçu par l’Institut de l’Énergie et de l’Environnement de la Francophonie qui aide les délégués francophones à s’y retrouver dans le processus, il est à souhaiter que des rencontres pour les femmes s’organiseront dans les prochaines rencontres internationales sur le climat. Car même celles faisant partie des délégations officielles admettent ne pas posséder le même niveau de connaissances sur le processus que leurs homologues masculins – un problème causé par l’iniquité d’accès à l’éducation.

Ces ateliers leur permettraient d’acquérir les connaissances et surtout la confiance nécessaire pour négocier sur un pied d’égalité avec les autres membres des délégations et ainsi, de faire avancer les problématiques propres aux femmes. A suivre!

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