Manifs contre l’autoroute 5 : une loi pour le parc de la Gatineau devient urgente

0

La Section Vallée de l’Outaouais de la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP-VO) incite les politiciens fédéraux à déposer une loi pour protéger le parc de la Gatineau. Aucun statut fédéral, ni même la Loi sur la capitale nationale, n’offre une protection juridique à ce parc précieux. Or, il demeure menacé par les projets de développement, comme en témoigne la controverse entourant le prolongement de l’autoroute 5.

Des citoyens et des écologistes de la région participent à l’heure actuelle à une occupation des arbres afin de protester contre le refus du Ministère des Transports du Québec (MTQ) de modifier le tracé de la deuxième phase du prolongement de l’autoroute 5. Situé entre Farm Point (Chelsea) et la route 366 dans la municipalité de La Pêche, ce tronçon de 6,5 km coupera à travers le parc de la Gatineau.

L’été dernier, la SNAP-VO a débattu de la question des limites avec la Commission de la capitale nationale (CCN), l’organisme qui gère le Parc. La CCN avait alors allégué que la limite du Parc avait été modifiée en 1997 dans le cadre d’un exercice de rationalisation, ce qui placerait l’autoroute à l’extérieur du Parc. Toutefois, la SNAP-VO a fait valoir que la limite a été fixée en 1960 par décret en conseil, et que seul un instrument législatif – c.-à-d., un décret ou une loi du Parlement – pouvait la modifier.

Or, cette nouvelle route traverse le Parc et elle exigera la coupe à blanc de quelque 88 hectares de forêts matures de pins blancs, de hêtres nord-américains et d’érables à sucre. Par ailleurs, une importante superficie de l’escarpement boisé surplombant le lac Brown sera dynamitée lors des travaux.

« Aucune consultation publique digne de ce nom n’a eu lieu à l’étape de la planification de ce prolongement », a déclaré Doug Anions, président du Comité pour le parc de la Gatineau de la SNAP-VO et ancien fonctionnaire de parcs Canada. « Et cela, même si la SNAP et le groupe SOS Wakefield ont identifié nombre de dommages environnementaux que causerait la construction de cette route comme, par exemple, la destruction de la nappephréatique de Vallée Verde », d’ajouter M. Anions.

« Cette autoroute travers un aire de conservation d’importance nationale, même si les cartes du MTQ n’en font nullement état », de dire John McDonnell, directeur général de la SNAP-VO. « Nous parlons de quatre voies séparées par un terre-plein central de 120 mètres – une autoroute à travers le parc de la Gatineau. Cela n’aurait jamais eu lieu si le public avait été consulté au préalable », a-t-il ajouté.

La construction de l’autoroute 5 confirme que les gouvernements n’ont pas tenu compte des inquiétudes exprimées par des citoyens et des groupes de conservation lors de la préparation des plans. Cette route compromettra l’intégrité écologique non seulement du parc de la Gatineau, mais de l’écosystème régional dans son ensemble.

Par conséquent, la SNAP-VO incite les politiciens fédéraux à adopter une loi pour protéger le parc de la Gatineau contre les projets de construction, la fragmentation et l’urbanisation. Cette loi devra fixer les limites du Parc, avoir comme première priorité de gestion la préservation et le rétablissement de son intégrité écologique, prohiber toute nouvelle construction résidentielle, et mandater la CCN pour faire l’acquisition de toutes les propriétés privées s’y trouvant.

Créée en 1970 par un groupe de naturalistes en réponse à des inquiétudes relatives à la gestion du Parc, la SNAP-VO  œuvre dans le but de protéger les terres publiques dans la Région de la capitale nationale et ses environs. En plus de revendiquer la protection du parc de la Gatineau, cet organisme fait campagne pour la conservation du bassin versant de la rivière Dumoine et pour la survie du loup de l’est. En outre, elle joue un rôle clé dans l’initiative sur la connectivité du paysage Algonquin-Adirondack.

 

Fiche d’information

Dans un rapport rédigé en 2010, la SNAP-VO a déclaré « complètement inadéquat » l’examen préalable effectué par Transports Canada au sujet du prolongement de l’autoroute 5. Vu l’ampleur du projet, l’investissement d’une importante somme de fonds publics (170 $ millions), et la dégradation de l’intégrité écologique du parc de la Gatineau, le rapport recommandait un examen approfondi qui servirait de base pour concevoir le prolongement de l’autoroute. Transport Canada n’a pas réagi à ce rapport, et les fonctionnaires du MTQ n’ont pas modifié le projet initial, rédigé dans les années quatre-vingt, lequel comprend un échangeur autoroutier ayant six voies et deux carrefours giratoires. 

La SNAP-VO conteste l’autoroute 5 depuis l’entente conclue en 1972 entre la CCN et le gouvernement du Québec. Avant que les travaux ne débutent, les membres fondateurs de la SNAP-VO avaient proposé que l’autoroute soit placée à l’est de la rivière Gatineau, afin d’éviter la fragmentation des habitats fauniques entourant le parc de la Gatineau, lequel se trouve à l’ouest de la rivière. Les tentatives pour discuter de cet enjeu avec la CCN et le MTQ ont échoué, et on a décidé de construire l’autoroute 5 à l’ouest de la rivière Gatineau.

 

Source: SNAP-VO

Partager.

Répondre