Milieux humides : la situation inquiète à Laval

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Par Marie-Eve Cloutier


Mots-clés : Milieux humides, CRE de Laval, Loi sur la qualité de l’environnement, zone blanche, développement urbain

 

Guy Garand, directeur générale du CRE de Laval, expliquant les chiffres du dernier bilan sur les milieux humides à Laval. Photo de Marie-Eve Cloutier – Tous droits réservés. 

Selon le dernier bilan réalisé par le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, il ne reste que 175 milieux humides intacts en zone blanche dans la région, ce qui représente 204 hectares, l’équivalent d’une perte de 38 % par rapport à la superficie recensée en 2004.

Guy Garand, directeur général du CRE Laval, juge que l’enjeu des milieux humides est « catastrophique comparativement à ce que prétendent les libéraux ». Il a même ajouté que l’information détenue par les candidats Geneviève April et Alain Paquet est désuète et qu’ils auraient bien besoin d’un « cours d’écologie 101 ».

En effet, la candidate libérale a affirmé que 80 % des milieux humides remblayés ont été par la suite compensés. Or, d’après M. Garand, ce n’est pas 80 % des milieux humides perdus, mais plutôt 50 % d’entre eux qui ont obtenu une compensation.

Outre les compensations, la destruction des milieux humides continue à Laval. Par ailleurs, le CRE de Laval estime que si rien n’est fait pour ralentir la destruction et l’altération de ces milieux en zone blanche, tous auront été touchés d’ici une dizaine d’années. Selon leurs chiffres, entre 15 et 20 milieux humides disparaissent ou sont grandement perturbés par le développement urbain chaque année.

 

Article 22 de la LQE

En conférence de presse mardi, le CRE de Laval a demandé « pour la ixième fois » au gouvernement du Québec de cesser d’émettre des certificats d’autorisation en vertu de l’article 22 de la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE). Cet article stipule que nul ne peut exercer une activité qui modifierait la qualité de l’environnement, à moins d’obtenir au préalable un certificat d’autorisation du ministère.

« Plus de 82 % des demandes de certificat d’autorisation formulé au ministère de l’Environnement ont été autorisées depuis 2004 », fait remarquer Guy Garand. Le CRE de Laval dénonce la complaisance à l’endroit des promoteurs de la part du MDDEP et de la municipalité pour construire dans les milieux humides. « Et le gouvernement du Québec ferme les yeux », a-t-il ajouté.

 

Combien vaut un milieu humide?

Marie-Christine Bellemare, chargée de projet ayant participé à la réalisation du bilan 2012 des milieux humides à Laval a tenu à rappeler le rôle important joué par ces endroits qui servent de reins à l’environnement. « Les milieux humides sont des milieux riches en biodiversité, servent de puits de carbone, régulent, retiennent et filtrent l’eau, et ils ont aussi un rôle dans le cycle des nutriments », a expliqué la biologiste.  

En se basant sur quelques études, Mme Bellemare a aussi chiffré la valeur « monétaire » d’un milieu humide à plusieurs milliers de dollars. « Il faut donc tout faire pour protéger nos milieux humides déjà en place puisqu’ils ne nous coûtent rien, comparativement [à des infrastructures pour les compenser] », a-t-elle fait valoir.

 

Mesures compensatoires

En vertu de l’article 2 de la Loi concernant des mesures de compensation pour la réalisation de projets affectant un milieu humide ou hydrique, le ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs peut exiger du demandeur des mesures de compensation visant notamment la restauration, la création, la protection ou la valorisation écologique d’un milieu humide, hydrique ou terrestre. L’aménagement de bandes riveraines en est un exemple.

De plus, la compensation ne peut pas être faite sous forme d’indemnité et elle est réputée faire partie des conditions de l’autorisation ou du certificat d’autorisation.

 

Source: GaïaPresse

 

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