Le paradoxe des solutions vertes : chaque gain d’efficacité se traduit par une augmentation de la consommation énergétique globale

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Ampoules fluocompactes, voitures hybrides, trains rapides, frigos Energy Star : la réduction de notre empreinte écologique passe, dit-on, par l’utilisation de technologies moins énergivores. Est-ce bien sûr ? Selon David Owen, cette consommation que l’on souhaiterait « responsable » aggrave en réalité la crise environnementale planétaire.

Tel est le paradoxe des effets rebond (c’est le fameux paradoxe de Jevons) : chaque gain d’efficacité apporté par la science et l’industrie se traduit, en bout de ligne, par une consommation énergétique globale surmultipliée. Ainsi le transport aérien, moins énergivore qu’autrefois, est devenu accessible à tout un chacun et a décuplé. Idem pour la climatisation, ce luxe devenu omniprésent. Et l’éclairage de plus en plus économique transforme peu à peu l’obscurité en une denrée rare. Quant aux bouchons de circulation, de par leur fonction d’obstacle dissuasif, ils se révèlent meilleurs pour l’environnement que les trains de banlieue qui libèrent de l’espace pour les voitures et favorisent l’étalement des banlieues. Rendre la vie difficile aux automobilistes reste la meilleure des solutions pour encourager la densification urbaine…

La popularité de ces solutions tient surtout au fait qu’elles ouvrent de nouvelles frontières à notre soif perpétuelle de consommer des produits à la fine pointe de la technologie. Car la cible, elle, s’éloigne de plus en plus. Sous la plume alerte de ce journaliste du New Yorker, Vert Paradoxe multiplie les exemples, les rencontres et les anecdotes pour illustrer le piège dans lequel nous nous enferrons et décortique les nombreux paradoxes des prétendues solutions vertes. 

Au fil d’un voyage captivant aux avant-postes du « développement durable », là où s’activent ingénieurs, inventeurs, urbanistes et économistes, l’auteur montre avec humour comment la recherche effrénée d’efficacité trompe nos meilleures intentions, et pourquoi le fait de modifier nos habitudes de consommation ne rendra pas la croissance capitaliste plus viable… Car le problème central n’est pas de modifier notre consommation, mais de la réduire. 

La dernière chose dont la Terre a besoin, c’est d’une voiture bon marché qui fait 2 litres aux 100 kilomètres; une fois que nous l’aurons, il n’y aura plus de barrière à l’acquisition d’un véhicule un peu partout dans le monde. 

David Owen est un collaborateur régulier du New Yorker. Il est l’auteur de nombreux livres, dont Green Metropolis (2009), à propos de la supériorité écologique des mégapoles comme New York.

Économiste penseur de la décroissance, Serge Latouche est professeur émérite à la Faculté de droit, économie et gestion de l’Université de Paris-Sud (XI). Il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment La déraison de la raison économique, de l’efficacité au principe de précaution (Albin Michel, 2001) et Vers une société d’abondance frugale, contresens et controverses sur la décroissance (Fayard, 2011).

 

Source: Éditions Écosociété

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