LETTRE OUVERTE: Étude toxicologique de Mine Arnaud à Sept-Îles: Des indices de risque supérieurs à 1, à la population de se prononcer!

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Photo de Christophe Meneboeuf – Wikipedia commons

Après pratiquement 3 ans d’attente de la part des comités citoyens, Mine Arnaud a décidé de produire un rapport d’évaluation des risques toxicologiques pour la santé humaine posés par la dispersion des émissions atmosphériques (rapport déposé par Sanexen à Mine Arnaud). Rappelons ce que la Direction de santé publique a dit au BAPE concernant l’utilisation des scénarios de modélisation (DQ10.1) :

"Les gens d'Environnement-Canada semblent d'avis que les modèles du promoteur sont trop optimistes et devraient être revus à la hausse concernant la dispersion et les concentrations de polluants atmosphériques. Il n'est pas de notre ressort de porter un jugement sur ce débat d'expert mais dans un souci de protection de la santé publique nous sommes plus enclins à favoriser la thèse des experts d'Environnement-Canada comme modèle de base."

 

Les grandes lignes de l’évaluation du risque toxicologique

Pour les paramètres cancérogènes (substances pouvant induire un cancer), il n’y aurait aucun risque à la santé à condition que la modélisation de la dispersion atmosphérique approuvée par le MDDEFP se réalise. Pour les métaux non cancérogènes, l’indice de risque (IR) est inférieur à 1 pour 45,5% d’entre eux à condition que la modélisation de la dispersion atmosphérique approuvée par le MDDEFP se réalise, indiquant qu’il n’y aurait pas de risque à la santé. Quand l’indice de risque dépasse 1, il pourrait alors y avoir des risques à la santé humaine. C’est le cas pour 54,5% des métaux, pour les PM2,5 et pour le NO2 à condition que la modélisation de la dispersion atmosphérique approuvée par le MDDEFP se réalise. À titre informatif, les PM2,5 ont des effets sur les systèmes respiratoire, cardio-vasculaire, aggravation de l’asthme, etc. De plus, les PM2,5 sont maintenant reconnues comme cancérogènes mais n’ont pas été calculées comme telles par Sanexen.  Pour les PM2,5 , le VTR (valeur toxicologique de référence) défini par Santé Canada est de 15 µg/m3 par 24 heures, « comme un niveau au-dessus duquel on sait qu’il existe (importance statistique) une relation dose-réponse et on a la capacité de fournir une certaine quantification des effets nocifs. » De Santé Canada et Environnement Canada 1998, cité par Sanexen, p. 80.
 

Limites d’interprétation de l’étude de Sanexen

Pour les paramètres dont l’indice de risque (IR) dépasse 1, les auteures expliquent le lien statistique non significatif (« aucun risque significatif à la santé »), entre autre par une surestimation de la concentration de polluants dans la modélisation de la dispersion atmosphérique faite par Genivar et approuvée par le MDDEFP : Sanexen, p. 6

(…) Il s’agit donc d’une analyse déterministe et les conclusions sont valides dans la mesure où les hypothèses retenues sont représentatives de la réalité ou conduisent à une surestimation des concentrations de particules fines, métaux et gaz dans l’air ambiant. Toutes les hypothèses choisies semblent indiquer que tel est le cas. (qu’il y aura surestimation).

Au Québec, c’est la responsabilité du MDDEFP de définir si les scénarios de modélisation sont réalistes et nous comprenons mal pourquoi les auteures ont mis en doute la validité de la modélisation de Genivar qui a été approuvée par le MDDEFP. Les auteures mentionnent à plusieurs reprises dans le rapport qu’il ne devrait pas y avoir de risque, en se basant entre autre sur une surestimation présumée de la concentration des contaminants atmosphériques.  

 

Acceptabilité du risque

D’après Les Lignes directrices pour les évaluations du risque toxicologique d’origine environnementale au Québec provenant de l’Institut national de santé publique, quand l’indice de risque est supérieur à 1, la population doit être informée et consultée.

Si les doses totales découlant de l’exposition attribuable au projet à l’étude et au bruit de fond sont plus élevées que les valeurs de référence retenues (IR > 1), une gestion environnementale des contaminants émis devra être mise en place ou être renforcée de façon à ce que les doses totales d’exposition ne soient pas supérieures aux valeurs de référence. Le public et les groupes concernés devraient également être consultés. P. 65

Nous considérons que c’est à la population à décider si le projet Mine Arnaud est acceptable, dû aux risques (indices de risque supérieurs à 1, par exemple les PM2,5). Car il peut y avoir un risque à la santé humaine.

 

Source: 

Louise Gagnon, Regroupement pour la Sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles,

Denis Bouchard, Comité de défense de l’air et de l’eau de Sept-Îles

Karine Bond, Comité de citoyens du canton Arnaud

Éric Notebaert, Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME)

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