Dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui dans La Presse, cinq scientifiques québécois de renommée internationale, dont un ancien membre du GIEC, se déclarent objecteurs de conscience et accordent leur appui au Manifeste pour un Élan Global. Appuyés par une vingtaine d’autres scientifiques, les auteurs Louis Bernatchez, Andrew Gonzalez, René Laprise, Christian Messier et Normand Voyer, dressent un parallèle entre la menace d’une conflagration atomique qui a poussé des scientifiques comme Bertrand Russell et Albert Einstein à exiger le désarmement dans les années 50, et la menace climatique qui nous oblige à sortir de l’ère des combustibles fossiles.
Dans leur lettre, les scientifiques affirment entre autres que :
« À chaque jour, nous relâchons dans l’atmosphère 90 millions de tonnes de CO2. Selon les calculs réalisés par le climatologue James Hansen, ce CO2 absorbe en énergie l’équivalent de 400 000 bombes d’Hiroshima. Ce bombardement permanent doit cesser. Les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère atteignent des niveaux inégalés depuis l’ère du Pliocène, il y a 3 à 5 millions d’années (Bartoli & al, 2011). Les océans s’acidifient à un rythme inégalé en 300 millions d’années (Hönisch & al, 2012). Les signaux nous indiquent que les systèmes terrestres qui soutiennent la vie sur Terre atteignent des seuils critiques (Steffen et al. 2015), et que nous avons engendré une destruction sans précédent de nos écosystèmes.
Est-il possible, dans ces circonstances, de garder le silence devant l’incapacité de nos institutions politiques et économiques à réagir face à une menace qui met en péril les conditions mêmes de la vie sur Terre ? La raison scientifique comme notre éthique la plus élémentaire nous imposent de refuser les projets pétroliers qui proposent de faire un pas de plus alors que nous approchons du point de non-retour. La poursuite des projets pétroliers repose sur la négation de la science et sur l’idée erronée que le statu quo soit possible sans conséquences irréversibles. On a qualifié le Manifeste pour un Élan global de simpliste et ses auteurs de poètes et de rêveurs. Pourtant l’Élan Global s’appuie la science et a été signé par des dizaines de scientifiques. »
À propos de l’Élan Global
L’Élan Global est un collectif d’objectrices et d’objecteurs de conscience qui souhaitent libérer le Québec des hydrocarbures et bâtir un monde juste et viable. C’est un mouvement de résistance à l’invasion systématique de notre territoire par les pétrolières et par de puissants intérêts financiers. Rendu public le 7 avril dernier, le Manifeste pour un Élan Global a déjà récolté plus de 21 000 signatures.
Les signataires exigent la fin des projets d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures en sol québécois. Ils s’opposent également à tout passage de pétrole à des fins d’exportation sur notre territoire.
Ils exigent l’adoption par le gouvernement du Québec d’un plan crédible pour réduire la consommation de pétrole de 50% d’ici 2030 et l’atteinte de la neutralité carbone pour 2050.
Les initiateurs du Manifeste pour un Élan global sont Camil Bouchard, Dominic Champagne, Jérôme Dupras pour Les Cowboys Fringants, Karel Mayrand, Gabriel Nadeau-Dubois, Éric Pineault, Annie Roy et Laure Waridel.
Source: Collectif de l’Élan Global
