5 scientifiques apportent une preuve tangible du caractère dévastateur de la fracturation hydraulique

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Un collectif de 5 scientifiques québécois a interpellé directement le premier ministre Philippe Couillard, lors d'une conférence de presse tenue vendredi, en dévoilant la preuve scientifique du caractère dévastateur qui résulterait de l'emploi de la fracturation hydraulique au Québec. Ces experts demandent aussi au gouvernement l'imposition d'un moratoire complet sur les forages non conventionnels pour la recherche d'hydrocarbures et le retrait, dans le règlement provincial, de tous les articles qui traitent des forages destinés à rechercher ou exploiter le pétrole ou le gaz. 

Dans cette étude de plus de 150 pages (http://eausecours.org/wp-content/uploads/2016/02/Expertise-du-Collectif-scientifique.pdf), ces scientifiques tracent un portrait détaillé des conséquences négatives prévisibles et probables qui résulteraient des forages pétroliers ou gaziers non conventionnels sur les sources d'eau potable et, plus spécifiquement, en regard des forages avec fracturation hydraulique que le consortium dirigé par Pétrolia compte réaliser à l'été 2016 sur l'île d'Anticosti. 

Ce Collectif scientifique est composé de MMs Marc Brullemans, biophysicien, Marc Durand, ingénieur en géologie, Richard E. Langelier, juriste et sociologue, Céline Marier, biologiste et Chantal Savaria, ingénieure en géologie et hydrogéologue. 

Pour Richard E. Langelier, les projets de forage avec fracturation envisagés seront réalisés en suivant les prescriptions du Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection (RPEP). « Or, les normes et les distances séparatrices entre les sources d'eau potable et les forages gaziers ou pétroliers sont insuffisantes et inadéquates en plus d'enlever aux municipalités leur compétence sur les puisements d'eau réalisés sur leur territoire ». « On s'apprête donc potentiellement à contaminer les sources d'eau potable », lance le juriste et sociologue qui a participé à cette étude. 

Ses collègues Marc Durand et Chantal Savaria, de leur côté, s'en prennent particulièrement aux distances séparatrices verticales imposées entre les forages avec fracturation hydraulique et les sources d'eau potable. « Une zone de protection de 400 mètres sous la base de l'aquifère ne constitue pas réellement une zone de protection, puisque les fractures créées sont susceptibles de s'étendre verticalement sur plus de 400 mètres et d'atteindre ainsi directement les nappes phréatiques » remarque l'ingénieur en géologie. «D'autant qu'une telle contamination est irréversible et que les nombreuses failles naturelles que nous retrouvons dans le sous-sol deviennent aussi des voies préférentielles pour la remontée des contaminants », ajoute sa collègue l'hydrogéologue Savaria. 

Pour la biologiste Marier et le biophysicien Brullemans, les études scientifiques établissent de façon prépondérante la contamination probable des sources d'eau potable, lorsque les forages gaziers ou pétroliers sont situés à proximité des sources d'eau. « Une distance séparatrice horizontale de 500 mètres entre la source d'eau potable et la tête du puits gazier ou pétrolier est insuffisante et surtout sans signification, puisque les extensions horizontales des forages s'étendent sur de plus longues distances encore » note le biophysicien Brullemans. « Les normes provinciales ne visent que les déversements de surface, alors que la remontée des contaminants vers les sources d'eau potable est complètement négligées dans ce règlement bien que c'est un danger réel, surtout à long terme », conclut sa collègue Marier. 

En plus de faire état des nombreuses critiques adressées au règlement provincial, de présenter les nombreuses études scientifiques qui ont examiné ces questions et de répertorier les nombreux cas de contamination des sources d'eau par l'industrie gazière et pétrolière aux États-Unis et ailleurs dans le monde, les auteurs de l'étude ont analysé les normes règlementaires dans de nombreux États, se sont penchés sur les cas de Gaspé et de Ristigouche et sur la démarche des municipalités québécoises qui réclament de pouvoir imposer des normes plus sévères que celles qui apparaissent dans le règlement provincial.

 

Source : CNW Telbec

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