La Tesla de l’éolien québécois amorce son succès international

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Eocycle Technologies, jeune entreprise québécoise,  lancera ce mois un nouveau produit. Une éolienne plus abordable, fiable et prête à conquérir le monde. Dans une pièce où les murs servent d’appui aux planches graphiques et où le plancher fait office d’extension au bureau, on sent la fébrilité qui précède tous les grands événements.

Pour ce fabricant, c’est le couronnement de plusieurs années de développement. L’entreprise s’apprête à dévoiler un nouveau modèle d’éolienne, aux atouts indéniables. «Ça sera l’éolienne la plus concurrentielle sur le marché mondial. Elle sera plus efficace sur des sites à bas vent et nécessitera une tour moins élevée», raconte Richard Legault, le président-directeur général 

Le lancement est prévu ce mois-ci et Richard Legault énumère avec conviction ses caractéristiques qui lui permettront de produire 35% plus d’énergie tout en étant 45% plus compacte que leur première génération. L’éolienne possèdera de plus longues pales, avec moins de pièces mobiles, ce qui occasionnera moins d’entretien et de réparation. «On compte offrir la meilleure garantie mondiale qui pourrait aller jusqu’à dix ans. On veut pouvoir couvrir la période de retour sur cet investissement», espère Richard Legault.

Un fleuron québécois au service du développement durable

L’entreprise commercialise présentement une éolienne de 25 kilowatts. De taille modeste, l’aérogénérateur correspond à une consommation légèrement plus élevée qu’un ménage moyen québécois de quatre personnes. L’histoire de l’entreprise remonte à 2001. Maxime Dubois, chercheur, maintenant professeur à l’université de Sherbrooke, a inventé une technologie unique. « C’est un alternateur qui génère de l’électricité à une très faible vitesse de rotation, ce qui est extrêmement intéressant pour le petit éolien», dit Richard Legault.

Eocycle vise les marchés du Danemark, des États-Unis, de l’Angleterre et du Japon. Des pays où les subventions de l’État et le prix élevé de l’électricité contribuent à rendre les petites éoliennes plus accessibles aux entreprises agricoles et commerciales en régions éloignées. «Le Canada est un marché difficile, mais ça va changer avec notre deuxième génération d’éolienne qui sera plus concurrentielle», admet Richard Legault. Au Québec, seules trois éoliennes Eocycle fendent les alizés. Deux d’entre elles sont situées au TechnoCentre éolien de Gaspé et on peut apercevoir la troisième au Cégep de Jonquière, au Saguenay.

Une production résidentielle à développer

«C’est difficile sur le plan économique de justifier un investissement dans l’éolien et le solaire au Québec, mais le gouvernement aurait intérêt à être proactif dans cette filière, parce qu’elle s’en vient de toute façon», croit Richard Legault. Les prix de l’éolien et du solaire ont chuté dramatiquement dans les dernières années et ils attirent un nombre croissant de consommateurs qui souhaitent devenir indépendant.

L’autoproduction d’électricité n’est cependant pas très répandue au Québec. On compte moins d’une centaine d’autoproducteurs inscrits au programme de mesurage net d’Hydro-Québec. Créé en 2012, le programme permet à tout résident, producteur d’énergie renouvelable, d’échanger ses surplus électriques pour des crédits utilisables au cours d’une période d’un maximum de deux ans. Par exemple, un résident a installé sur son toit plusieurs panneaux photovoltaïques. En été, parce que la période d’ensoleillement est grande et qu’il n’a pas à chauffer sa maison, il a généré 3000 kilowattheures de plus que sa consommation. Il pourra alors réduire sa facture d’électricité de 3000 kilowatts-heures, lorsque sa consommation sera plus grande, habituellement l’hiver.

Une révolution de proximité : la production à faible coût

«Je pense qu’on va voir une révolution. Dès que le stockage sera une option compétitive, d’ici les 10 prochaines années, il y aura un bouleversement majeur. Les gens vont se débrancher des réseaux et produiront eux-mêmes», soutient Richard Legault. On peut se référer  à la batterie à usage domestique Tesla « Powerwall » dévoilée l’année dernière. Malgré un prix élevé de 3500 dollars américains, Tesla a rapidement écoulé ses premiers prototypes. Tesla pourra également bénéficier d’économies d’échelle suite à la mise en service de sa gigantesque usine du Nevada en 2017. Les batteries sont cruciales pour la production électrique résidentielle. Elles prennent le relais lorsque le vent est calme et le ciel nuageux. «Il y a de cela trente ans, le grand éolien coûtait 25 cents le kilowattheure, maintenant c’est 10 cents, un prix comparable à l’hydroélectricité, le charbon ou le gaz naturel. Le même scénario va se répéter pour le petit éolien d’ici cinq ans car il sera concurrentiel avec le réseau public», insiste Richard Legault. 

 

Mizaël Bilodeau pour GaïaPresse

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