Le Canada doit moderniser les normes d’évacuation des eaux grises pour l’Arctique

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Afin de préserver l’écosystème particulièrement sensible de l’Arctique, le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) exhorte Transport Canada à adopter officiellement, pour l’évacuation des eaux grises, les mêmes niveaux élevés – ou éventuellement plus stricts –  de normes que celles appliquées à l’évacuation des eaux usées et ce, dans toutes les eaux situées à plus de 60 degrés de latitude nord.

Aucune mesure en Arctique

Bien que les eaux grises non traitées polluent autant que les eaux usées, les navires traversant les eaux arctiques au Canada ne sont sujets à aucune mesure particulière en ce qui concerne le déversement de ces déchets dans la mer. Les normes de Transport Canada sont en effet plus sévères pour les rejets ayant cours en-dessous de 60 degrés de latitude.

Encouragé par le premier circuit en mer à bord d’un bateau de croisière empruntant le passage du Nord-Ouest l’été dernier, le WWF-Canada a entrepris une recherche sur les normes relatives aux eaux grises. Cette recherche a révélé que dans les eaux canadiennes plus au sud, les eaux grises sont clairement définies et ont des règlementations spécifiques. Mais les règles ne s’appliquent pas de la même façon dans le Nord, ce qui signifie que les eaux grises peuvent être librement rejetées dans l’environnement marin.

Ce manque de règlementation est aussi vraiment différent par rapport aux normes de l’Alaska voisin, qui détient une définition spécifique des eaux grises et des exigences strictes en la matière, créées pour surveiller et protéger l’écosystème arctique.

Que sont les eaux grises?

Les eaux grises sont les eaux provenant de la douche, de l’évier, du lavabo et des galères, mais excluant celles provenant des toilettes. Elles peuvent contenir plusieurs substances polluantes, telles que des bactéries coliformes d’origine fécale (des déchets humains), des déchets alimentaires, des huiles et des graisses, des détergents et des résidus de savon, des métaux, solides et nutriments.

Impacts environnementaux
  • Les nutriments dans les eaux grises peuvent mener à la formation de zones mortes occasionnée par une croissance excessive d’algues.
  • Les huiles et graisses enduisent les branchies des poissons et peuvent les empêcher de respirer.
  • L’augmentation des particules en suspension dans l’eau peut potentiellement faire suffoquer les plus petites espèces telles que les crabes, les homards et les éponges.
  • Les espèces envahissantes peuvent être introduites dans l’écosystème arctique via les eaux grises.
Ce que le Canada devrait faire
  • Désigner les eaux grises comme un type spécifique de déchet lorsque rejetées dans les eaux situées à plus de 60 degrés de latitude nord, un parallèle qui passe par la baie d’Hudson et qui est généralement le point de rencontre entre les provinces et les territoires.
  • Améliorer les normes pour minimalement s’enligner avec celles de l’Alaska, qui stipulent que les eaux grises ne peuvent être rejetées à moins de rencontrer des exigences strictes concernant les niveaux de solides en suspension et de coliformes fécaux. Cela signifie d’appliquer des méthodes strictes d’échantillonnage et d’essai, la tenue d’archives et de rapports à soumettre.
  • Instituer une inspection efficace et un système amélioré d’exécution pour s’assurer que les exigences soient respectées.
Pourquoi maintenant?

En raison des changements climatiques, la navigation en Arctique est susceptible d’augmenter, incluant les gros navires de croisière qui peuvent accueillir au-delà de 1 600 passagers et membres d’équipage. C’est une opportunité en or d’harmoniser nos normes avec celles de l’Alaska afin de trouver des solutions à la navigation qui passe par cet écosystème transfrontalier, alors que Transport Canada est présentement en train de réviser les règles liées à la sécurité et à la pollution avant que le code polaire (créé par l’Organisation Maritime Internationale pour la protection des eaux autour des pôles) entre en vigueur à la nouvelle année. Pour Paul Crowley, vice-président, Arctique au WWF-Canada, « l’Arctique est l’un des écosystèmes les plus sensibles au Canada. Il est donc inacceptable que ce soit celui qui soit le moins protégé. Alors qu’il révise les normes du transport en Arctique, Transport Canada a l’opportunité de corriger cette omission sur les eaux grises en ajoutant un niveau de protection pour cet écosystème qui subit déjà des changements radicaux en raison des changements climatiques. »

Source : Fonds Mondial pour la Nature 

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