Les méfaits de la démesure

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La semaine dernière, le dépôt du rapport du commissaire au développement durable, M. Harvey Mead, est venu nous rappeler à quel point notre société exerce une pression indue sur ses ressources et écosystèmes. En fait, selon ce rapport, la consommation de la population québécoise serait plus de trois fois supérieure à la capacité de support de la planète. Si tous adoptaient notre mode de vie, il faudrait donc l’équivalent de trois planètes comme la terre. À quelques jours des vacances et des festivités de Noël, il y a de quoi réfléchir un peu!

 

Par Anny Schneider
Auteure et herboriste, Shefford


 

 

Trop c’est comme pas assez, dit le bon sens populaire, ou encore, écrivait Cesbron, : « Le trop de quelque chose devient un manque de quelque chose », voici les réflexions qui me reviennent souvent à l’esprit durant ces derniers jours de l’année.

Depuis quelques semaines déjà, la société de consommation s’immisce par tous les interstices possibles dans  nos vies au quotidien : dans la boîte aux lettres s’accumulent les dépliants publicitaires avec des soi-disant aubaines faramineuses, et les rues et vitrines clignotent d’étincelles et de brillants racoleurs et regorgent d’aliments, d’objets et de vêtements festifs. Les mots « Noël » et « cadeau » reviennent presqu’aux trois minutes sur toutes les ondes. Même à la radio et télé d’État, les bulletins d’informations sont entrecoupés d’annonces répétitives. L’étalage de clinquants, de gadgets et de nourriture sont sensés être synonyme de bonheur, de puissance et de popularité. Ils sont souvent  symbolisés par des images de  grands rassemblements familiaux d’individus chics et hilares, apparemment réunis dans la joie, et  dont le nombre est proportionnel à votre pouvoir d’attraction et votre aisance matérielle.

Flagrantes disparités

Nous vivons dans un pays nanti mais aussi sur une planète où plus de la moitié des individus souffrent de la faim, à une époque où la Terre étouffe des conséquences de l’avidité et des déchets d’une minorité de l’humanité consommatrice effrénée. Comment se fait-il qu’à une période où, surtout en Occident où l’athéisme affiché est la norme, prédomine une telle folie de ce cirque annuel  ponctuel,  de plus en plus irritant dans sa démesure et son absurdité?

Loin de vouloir jouer la rabat-joie, « casseuse de party » ou trouble-fête, ne connaissant que trop bien l’état de la planète de notre humanité dévoyée et les souffrances de la psyché collective, je vous rappelle que ceux qui se réjouissent vraiment sont de plus en plus rares, à part les enfants et les aînés, au moins visités une fois dans l’année, plus s’ils sont bien nantis et très gentils…

Tonnes de cadeaux, bac de récupération débordant d’emballages, chicanes de famille, indigestions et nausées, cartes de crédit à rembourser pour six mois, que restera-t-il des folies de Noël en janvier glacé?

Inestimables valeurs intemporelles

Cette année pour la première fois, j’ai renoncé au sapin, ma jeune fille de seize ans ayant elle aussi compris que le vrai plaisir des fêtes réside dans la liberté de prendre son temps. Néanmoins, nous saurons aussi apprécier quelques  bonnes bouffes entre amis et surtout la joie de partager des rencontres signifiantes avec ceux qui comptent vraiment dans nos vies et de respirer à grandes goulées la lumière hivernale sur les sommets enneigés. Tout cela pour moi, constituant les vrais cadeaux de fin d’année, aussi reliés au solstice d’hiver ou la Fête du soleil invaincu, la réelle origine babylonienne de notre Noël peu chrétien revisité!

« Les choses les plus importantes ne sont pas des choses », disait encore Cesbron, mais les êtres, les actions, intentions  et les sentiments, dont l’amour, encore et toujours, sous toutes ses formes, ultimement…

D’alimenter et de laisser flamber votre soleil intérieur, et d’utiliser vos qualités pour vivifier le vraiment vivant, au-dehors comme en dedans, c’est les grâces que je vous souhaite maintenant et ce, pour toute l’année durant!

 

 


 

Par Anny Schneider
Auteure et herboriste songeuse, Shefford

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